Delanoë, Girard et Ousmane Sow.

Delanoë, Girard et Ousmane Sow.

Bien qu’il ait apporté, de même que Christophe Girard, un soutien public au négrophobe Pascal Sevran ("de peur qu’il ne se lepénise", m’a-t-on dit), bien qu’il prenne souvent son petit café à proximité du square Boucicaut, apparemment indifférent à une ignoble statue raciste qui y trône sur un manège et dont il ne peut ignorer l’existence, je n’ai a priori aucun grief particulier contre le maire de Paris.

Bertrand Delanoë s’extasie, paraît-il, sur le génie du sculpteur Ousmane Sow, au point de l’avoir cité dans un de ses livres. Or voici bientôt cinq ans qu’Ousmane Sow et moi militons pour que la statue du général Dumas, abattue par les nazis (et les collabos français) en 1942 soit réinstallée à Paris, place du général-Catroux. J’ai d’abord obtenu un vote du conseil de Paris pour que la statue du premier général d’origine africaine de l’histoire de France soit remise en place. Cela n’a pas été sans mal et les ténors de la majorité étant « très occupés », il a fallu passer par l’opposition pour introduire la question. Ce fut donc Philippe Seguin, actuel Premier président de la Cour des Comptes qui se dévoua. Le vote fut unanime et Christophe Girard déclara avec raison qu’il fallait réparer une « diversion de l’histoire » en réhabilitant le général Dumas. Mais c’étaient des mots. Les choses en restèrent là. Entre temps, j’avais rallié Ousmane Sow à ma cause. Ayant lu ma biographie Alexandre Dumas le dragon de la Reine, il accepta de travailler à un projet.

J’imaginais qu’une œuvre du grand sculpteur sénégalais qui avait attiré des millions de Parisiens sur le pont des Arts, une oeuvre réalisée dans un atelier de Dakar avec une copie offerte aux Haïtiens, aurait valeur de symbole pour les édiles parisiens. Mais je me trompais. Ces gens sont « très occupés » Ne voyant rien venir, en juin 2004, nous invitâmes à déjeuner - Ousmane et moi - George Pau Langevin, conseillère de M. Delanoë, qui, arrivée avec 45 minutes de retard parce qu’elle était elle aussi « très occupée » s’esquiva avant le dessert, après avoir plaisanté : Ousmane Sow n’avait qu’à offrir la statue à la ville. Ousmane Sow et Claude Ribbe sont a priori des oisifs. George Pau-Langevin a –t-elle fait des démarches pour que la ville de Paris achète l’œuvre d’Ousmane ? J’en doute. En tout cas, un an et demi plus tard, il ne s’était toujours rien passé. Lorsque je fus sous les projecteurs à cause d’un de mes livres, j’eus la surprise de recevoir une lettre de Christophe Girard, ce qui me permit d’obtenir un rendez-vous et de relancer l’affaire de la statue. Il me promit d’organiser un concours. Deux ans plus tard, toujours pas de statue.

Christophe Girard, devenu lui aussi « très occupé » m’a récemment fait savoir que la commission avait bien été créée, mais n’avait retenu aucun projet, les jugeant « médiocres ». Or parmi les projets présentés, figurait, paraît-il, celui d’Ousmane, inspiré par mon livre. Il n’y a pour le moment aucune statue d’Ousmane Sow à Paris. Je suis étonné que Christophe Girard et Bertrand Delanoë puissent, même sur la foi d’une commission, considérer qu’un projet présenté par un sculpteur de renommée mondiale serait a priori « médiocre ». Un malentendu, sans doute, qui, j’espère, sera vite dissipé.