Si les créationnistes jouissent d’une grande influence dans certains milieux états-uniens c’est en grande partie parce qu’ils prêchent sur un terreau fertile : les fondamentalistes religieux. Il n’y a qu’eux pour pouvoir avaler de telles sornettes. N’en demeure pas moins qu’il faut être vigilant, les USA sont bien connues pour nous exporter toutes leurs cochonneries, la dernière en date se nommant la scientologie ; donc ce livre a toute sa raison d’être, surtout chez les jeunes collégiens : Noël approche, voilà une idée de cadeau originale.
Abondamment et richement illustré, mené de mains de maître par Renato Masso, professeur de conservation de la nature à l’université de Milan, ce très beau livre vous offre une synthèse complète et un voyage fascinant. Car, aujourd’hui, l’évolution est un fait avéré, ayant valeur de paradigme scientifique, comme les lois physiques fondamentales. Il n’y a pas lieu de les remettre en question car il est évident que la classification des organismes doit refléter la mesure de leur divergence génétique par rapport à leur premier ancêtre commun. De Darwin à Monod, nous explorerons dans ce livre les origines de la vie, vaste sujet à l’ère de la génétique … Mais la théorie d’Oparin (monde hypothétique de déchets dynamiques) ou les travaux de Miller nous prouvent bien que les questions sont encore à creuser, même si le principe reste acquis.
Parmi les preuves les plus spectaculaires et monumentales de la réalité de l’évolution, à côté des affinités réciproques des organismes, nous avons sous les yeux leur distribution géographique. En effet, les espèces et les familles où elles sont regroupées ne se trouvent pas mélangées au hasard sur notre planète, mais sont localisées d’une manière logique et cohérente. Ce qui, en général, permet une reconstitution raisonnable de l’histoire des peuplements respectifs à partir de leurs lointaines origines communes.
Ainsi, à la base de l’évolution de toute population vivante, on trouve : 1) un système d’information qui assure la stabilité fondamentale de tout organisme, 2) une série de mécanismes déstabilisateurs qui garantissent de petites innovations progressives venant s’ajouter peu à peu : a) mutations génétiques fortuites, b) sélection naturelle, c) flux génique, d) dérive génétique. Alors on observe la modification progressive des populations dans le sens de l’adaptation et de la naissance de nouvelles espèces.
En conclusion, on peut déterminer avec précision dans l’œuvre fondatrice de Darwin, non pas une, mais cinq théories différentes, toutes régulièrement confirmées au cours des presque cent cinquante ans qui se sont écoulés entre 1859 et aujourd’hui : 1) l’existence d’un monde en perpétuel changement ; 2) la descendance commune de tous les organismes vivants ; 3) le gradualisme de l’évolution contre ce qu’on appelle le saltationnisme qui est apparu dans la première moitié du XXème siècle ; 4) la multiplication des espèces ; 5) la sélection naturelle.
CQFD.