Un Oï dans le Rétro

Un Oï dans le Rétro

This is England sort aujourd’hui dans les salles, et nous dresse un portrait haut en couleurs de l’Angleterre des années Thatcher. Shaun habite une ville ouvrière du nord de l’Angleterre. Son père est mort au feu pendant la guerre des Malouines, sa mère l’élève dans des conditions pénibles. Le garçon fait donc plus facilement son éducation dans la rue, au contact des skin heads qu’il perçoit comme autant de grands frères. Tourné en 16 mm afin de donner à l’image une impression de réalisme, This is England invite à penser à Made in Britain par son sujet autant que par la façon dont il est traité. Plus nuancé toutefois, Shane Meadows attire moins le scandale que son compatriote Alan Clarke. Son film n’est pas une œuvre brute, si l’on est pris par la violence des skin heads, on l’est également par la tendresse du regard que jette un adulte sur ses années d’apprentissage, ainsi que par toutes les références qui les ont nourries. Il a déjà reçu plusieurs récompenses. En somme, si l’Angleterre d’il y a vingt ans constitue la toile de ce film, ce pourrait être un documentaire, un reportage fait au coin de la rue. D’ailleurs, le chômage, l’immigration, la discrimination, la révolte, ça ne vous dit rien ? Oï.

C’est ma jeunesse, aussi, et c’est fondamental :
Provoquer à tout prix dans le hall de la gare,
Taxer dix sacs d’un con qui fume un gros cigare,
Que c’est sot, que c’est nul, ce désarroi mental…

Quand on est jeune, on n’est pas trop sentimental,
La fleur bleue, on s’en fout pas mal, mais je m’égare :
Qui nous pousse à ce point à vouloir la bagarre ?
On cherche à s’échapper d’un monde assez brutal.

Tout ce temps maltraité nous paraît provisoire
Comme à ceux-ci pour qui rien n’est plus dérisoire
Que tous ces fafs, leur bras tendu vers un ciel noir !

Ils ont le cerveau vide avec un pack de bière,
Puis vont pisser juste à côté de l’urinoir
Mais c’est prescrit, car ma jeunesse est mise en bière.