Algérie, Face aux dérives et aux dangers de l’extrémisme : L’éducation religieuse comme remède ?

L’éducation religieuse suscite encore et toujours un vif débat notamment ces jours-ci où l’Algérie en particulier et le monde islamique en général subissent de plein fouet la violence extrémiste. Le sujet est donc d’une actualité brûlante. En effet, ces derniers mois, nombreux ont été les observateurs qui ont interpellé les autorités publiques en lançant de sérieuses mises en garde contre la poussée alarmante de l’intégrisme dans les établissements scolaires. En vérité, on peut aisément relevé ces derniers temps dans nos lycées des comportements fanatiques de la part de beaucoup d’élèves qui adoptent de plus en plus aujourd’hui une vision extrémiste et fanatique de la pratique religieuse.

Dans ce contexte, le ministre de l’Education en Algérie, Boubekeur Benbouzid, parle de la détermination de l’État “à sévir” face à ces phénomènes en nouant un partenariat important avec le ministère de l’intérieur et ses organes de sécurité.

Néanmoins, comme le débat et la réflexion priment toujours sur ce genre de mesures, la fondation Konrad Adenauer a organisé récemment une conférence débat autour de "la religion et l’éducation aujourd’hui".
 cette occasion, le président du Haut conseil islamique en Algérie, le Docteur Cheikh Bouamrane, a affirmé qu’en plus de l’école, la mosquée et la famille, il est impératif que l’enseignement de l’éducation religieuse puisse toucher la majorité des citoyens, illustrant encore son propos en citant les divers publications à caractère religieux de l’institution qu’il préside.

Dans cet ordre d’idées, il a soutenu que "l’enseignement de l’éducation religieuse est axé sur les aspects liés à l’éthique, aux valeurs du bien et exhorter à éviter les vices".

Sur un autre chapitre, tout en relevant des divergences entre les religions monothéistes sur certains aspects inhérents à l’éducation religieuse, il a souligné que "cette enseignement tend à entretenir le côté spirituel chez les enfants".

"Les grandes lignes de l’enseignement de l’éducation religieuse sont axées sur les mêmes règles et recommandations pour les trois religions monothéistes susceptibles de détruire la théorie "fumeuse" sur le choc des civilisations", a-t-il encore indiqué.

D’un autre côté, pour le Dr Ziki Ali, islamologue algérien, l’enseignement de l’éducation religieuse "est une responsabilité des théologiens dans le monde moderne", ajoutant que cette responsabilité fait que le théologien "doit s’imprégner des outils scientifiques, dans les domaines des sciences sociales, voire même les sciences exactes".

Abondant dans le même sens, le chercheur et islamologue algérien, M. Khenchelaoui Zaïm, a plaidé notamment pour "une modération entre l’identité religieuse et la liberté de conscience".

D’autre part, tout en soulignant que l’enseignement de l’éducation religieuse existe partout dans le monde, même dans les pays polythéistes, il a mis l’accent sur les "effets néfastes des extrémismes", soutenant encore que "le Soufisme constitue une opportunité précieuse de par son expérience initiatique".

Intervenant à son tour, le Dr Janjar Mohamed Sghir, Directeur adjoint de la Fondation du Roi Abdulaziz El Saoud au Maroc, a souligné l’importance du retour à l’enseignement de l’éducation religieuse, en citant l’exemple de la France, "un pays de surcroît laïc qui réfléchit aux voies et moyens d’introduire cet enseignement au sein de son système éducatif", a-t-il relevé.

Relatant également les différentes étapes de l’enseignement de l’éducation religieuse au Maroc, il a rappelé que "cette discipline est traditionnellement enseignée dans ce pays", indiquant encore que "son introduction dans le système éducatif répondait à une tentation politique pour réduire l’influence grandissante de l’islamisme et du marxisme au sein des établissements scolaires dans les années 70".
Toutefois, le Dr Janjar s’est interrogé sur le contenu de cet enseignement, "à partir du moment qu’il s’est avéré que l’Islam tel qu’il a été enseigné, sous une forme défensive, s’est transformé en un dogme global et total".

"L’aspect didactique a été évacué", a-t-il dit, ajoutant que "la religion a été présentée à l’élève comme un dogme qui comporte des réponses à tout, y compris l’économie, la politique, l’écologie et les relations internationales". Le tabou est donc brisé et le silence rompu. L’éducation et la religion ne cohabitent plus harmonieusement dans les systèmes éducatifs de nombreux pays musulmans. Or, il y a aujourd’hui une urgence. Que faire pour empêcher l’endoctrinement d’un gamin de 15 ans qui s’est fait exploser en Kamikaze ? Aurions-nous pu lui épargner la vie avec un message éducatif porté par l’humanisme et non pas par l’obscurantisme des déviantes interprétations ? Ces questions méritent à coup sur des éclaircissements. Sinon, à défaut, le fanatisme ne cessera jamais de planter ces graines dans les esprits de nos enfants…