Interview de Lucienne Buton Conseillère municipale PS à Neuilly-sur-Seine

Interview de Lucienne Buton Conseillère municipale PS à Neuilly-sur-Seine

Mercredi soir devant les parlementaires de la majorité présidentielle invités à l’Élysée, Nicolas Sarkozy a défendu sa stratégie, et elle n’allait pas de soi… Entre les rumeurs persistantes d’un remaniement ministériel et la préparation des élections municipales, une conjoncture économique affligeante et les pressions européennes pour réduire les déficits budgétaires, les sujets de mécontentement ne manquaient pas au menu. Le chef de l’État paraît ne pas s’en soucier, prétendant poursuivre la stratégie d’ouverture qu’il a initié dès son accession à la magistrature suprême, et parachutant ses chouchous dans des communes a priori acquises à la droite, quitte à se mettre à dos les élus locaux dont la carrière est brutalement arrêtée. La présentation dimanche aux électeurs de Neuilly de David Martinon, porte-parole de l’Élysée, a provoqué un beau tollé, retransmis par les chaînes de télévision. Mercredi soir, on apprenait que Rachida Dati devrait se présenter dans le VIIème arrondissement de Paris. Un tel comportement ne va-t-il pas se révéler contre-productif ? Le MAGue a demandé ce qu’elle en pensait à Lucienne Buton, conseillère municipale à Neuilly et jusqu’à présent tête de liste socialiste aux élections municipales successives depuis 1983… l’année où Nicolas Sarkozy s’est emparé de la mairie. Autant dire qu’en ce qui concerne un avis autorisé sur le président de la République, Lucienne connaît bien son homme !

Le MAGue : Vous avez fréquenté Nicolas Sarkozy au Conseil municipal de Neuilly pendant 20 ans, diriez-vous que c’est un homme ouvert d’ordinaire ?

Lucienne Buton : Nicolas Sarkozy n’est pas un homme ouvert, sauf pour ce qui l’intéresse ; il n’est pas du tout à l’écoute des autres. Ce n’est qu’à partir de son 2ème mandat qu’il a commencé à ouvrir les commissions à l’opposition, sans toutefois leur donner de responsabilité… les dossiers arrivant sur la table ficelés d’avance. À mon avis, c’est ainsi qu’il procède avec les ministres.

Le MAGue : Connaissez-vous David Martinon, son porte-parole qu’il s’est proposé de présenter comme tête de liste aux élections municipales à Neuilly ?

Lucienne Buton : Non, je l’ai vu pour la première fois lundi à la télévision. Il n’habite pas Neuilly. Je ne voudrais pas être à sa place : je suis une femme libre.

Le MAGue : Quelle est d’après-vous l’idée de Nicolas Sarkozy ?

Lucienne Buton : Lorsqu’il dit qu’il veut assurer la suite de la mairie, ce n’est pas vrai puisque sa suite est déjà assurée par Louis-Charles Bary. Il impose un candidat qui sera à ses ordres.

Le MAGue : Ce parachutage correspond-il à son tempérament ?

Lucienne Buton : C’est sa manière de fonctionner.

Le MAGue : La présentation de David Martinon aux électeurs de Neuilly a provoqué un tollé, n’est-ce pas ?

Lucienne Buton : Les journaux disent que ça va diviser la droite, mais elle se mettra d’accord pour former un Conseil municipal UMP. Il y aura plusieurs listes, mais c’est de l’affichage : nous avons déjà connu cela à Neuilly.

Le MAGue : Cette idée vous paraît-elle compatible avec sa stratégie d’ouverture ?

Lucienne Buton : Ce n’est pas de l’ouverture que d’amener son correspondant privé pour diriger le conseil municipal. C’est tout le contraire !

Le MAGue : Qu’en pensez-vous dans votre section ?

Le Parti socialiste ne peut pas être d’accord avec ça. Il s’agit du président de la République, c’est le fait du prince.

Son idée a paru connaître un franc succès
En fait, surtout chez ceux qu’on a vus en rupture,
Mais chez les siens, on a parlé d’une imposture
Et tout le monde aussi n’y aura pas accès !

C’est trop, ont dit certains qui lui en font procès :
Nos vieux rivaux, on les veut juste en garniture…
Vont-ils lui présenter dans six mois la facture ?
Le chef de l’État risque en somme un gros abcès.

Il veut tous les talents, mais n’est guère à l’écoute
Se rend-il compte au fond de ce que ça lui coûte
Ces beaux effets de manche et ses coups de poker ?

L’ouverture, on dirait que c’est pour nous distraire,
Pensait-il s’en servir comme on tend un joker,
Ou la fait-il pour mieux flatter la vache à traire ?

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