« 99 F » : le film de Jan KOUNEN : un nouveau Kubrick contre la pub ?

« 99 F » : le film de Jan KOUNEN : un nouveau Kubrick contre la pub ?

J’ai été bluffé par cette vision saisissante, en Avant Première, il faut absolument rendre hommage à ce visionnaire, mordant comme un « Doberman ». Un réalisateur carnassier croque à pleines dents dans la pub. Un mets qui se mange froid ; surtout à la fin.

L’histoire

Revoici F. Beigbeder dans sa douloureuse expérience de créatif publicitaire. Il nous avait ouvert sur le monde de la publicité présupposé malsain. Le film entérine à nouveau : il affirme cette nébuleuse puante de l’extérieur et pourrie de l’intérieur.

Le début s’ouvre sur la vertigineuse chute hitchcockienne d’un corps. Le personnage tombe en un nouveau 11 septembre 2001 comme une fin de mythe .Cette « chute de l’ange » voire de la société se retrouve avant la fin dans un da capo annonçant la conclusion.

Une boucle et l’histoire. Un récit pour accuser, pour démontrer - une histoire vraie de l’aventure contemporaine. La mort de l’homme par l’homme ou sa tribu : cela revient malheureusement au même. On nous le dit « l’homme est un produit comme les autres » du jetable. A une bavure près : la mort.

Le rythme

C’est la vertu cardinale du film .L’action ne vient pas mais déboule- nous secoue comme du « linge sale ». Une image soignée
Mais une image au service ; un mage clip où on ne vend plus du rêve pour imbécile mais une réalité qui fait mal. Dans une hystérie à la mesure d’une agression voulue du spectateur.

Car l’histoire est là pour nous agresser, nous rudoyer comme le sont les personnages, nous soumettre comme le sont les consommateurs. C’est vrai : empoignés dès le début nous perdons toute défense, notre second souffle fait long feu. Et dans cette braise, pris par cette trépidation nous pouvons transposer la rudesse du milieu à nos yeux défendants.

Comme illustration nous consommons du film ; nous l’oublions mais on nous le rappelle a contrario :« les gens heureux ne consomment pas ». On nous transportera même sur une île déserte pour nous évader.

La vision

Elle persiste et signe : le nouveau présentateur c’es Koumen camera au poing. Une attaque en règle : contre la société qui trempe dans le milieu de la pub.
Contre l’establishment ; forcément contre la mondialisation qui entérine.
Ici pas de complaisance : on y voit la publicité faite par des ambassadeurs des industries. Des créateurs aux poches débordantes.
Et tout cela pour faire tourner les machines les yaourts et le pétrole ….

Mais on n’a rien sans argent… pas même un film, son incubation, sa réalisation sa production sa distribution …. sa PUB !

Les golden créateurs

Les seuls qui pourraient peut être échapper au massacre car ils l’orchestrent. Avc un statut de vedette rock divinisée.
Mais non ceux la aussi sont contaminés, trempent dans les bassesses. Leur salut ne peut être qu’en la fuite ; n’est ce pas Monsieur Beigbeder ?

Il arrive d’outre tombe – il a franchi le Styx dans les deux sens. De ne plus en pouvoir du pouvoir, la mort le traquait , la fuite l’obsédait.
Car la société et l’institution démultiplicatrices sont toujours le pire en ce « bas » monde. Car après tout on est créateur mais pas moins humanoïde et le bon sauvage finit par décrocher…..
Une solution-survie ou une glorieuse survie sans solution ?

Stanley Kubrick ?

On y trouve beaucoup d’allusions visibles et auditives ; on s’y croirait presque. Notre réalisateur cultive lui aussi beaucoup l’impact ; sera-t-il le remplaçant ? En tous cas je crois utile de la remarquer ; je lui souhaite bonne carrière.