La brigade de l’œil – Rentrée 2007

La brigade de l'œil – Rentrée 2007

Pour filer le virus à son gamin, rien de mieux que la collection noire chez doAdo, le département jeunesse des éditions du Rouergue. Si, si, je confirme. Colle-lui donc ce livre dans les pattes, tu verras, il ne regardera pas le énième saison de Star Academy qui pointe son nez …

Ton gosse glande à l’école ? Il se vautre sur le canapé devant TF1 ? Tu en as marre de parler dans le vide ? OK, tu l’auras voulu. Achètes lui un livre !
Mais pas n’importe quoi, un truc bien bandant pour lui donner un peu de jus. Un truc comme il faut. Histoire qu’il ne te le jette pas à la figure.

Voici du cinéma en pages, un polar gonflé aux vitamines, claquant à chaque phrase. Bondissant d’un chapitre l’autre et tu auras la reconnaissance éternel du gamin scotché devant cette histoire délirante.

Nous sommes en 2037, sur une fichue île où la dictature s’impose. Et dernière idée en date, la loi Bradbury qui interdit toutes les images sur l’ensemble du territoire. Rien que ça. Ca glace le sang. Et une propagande digne de nos écrans de pub : Les photographies sont nocives ; le cinéma rend fou ; la télévision est l’opium du peuple. Déjà entendu, pour les deux dernières … Finalement, pas si débile le dictateur …

Mais comme dans toute bonne dictature, il y a toujours des petits malins pour se la jouer. Donc on a pensé à tout : la Brigade de l’Œil veille sur les terroristes (encore ? décidément, on n’en sort pas !). Ils sont les yeux de l’Etat (sic).

Et dans un road-movie hallucinant, Guillaume Guéraud s’amuse à lâcher quelques clins d’œil (!) en hommage au grand Ray Bradbury, l’auteur de Fahrenheit 451 (là c’était les livres qui devaient être brûlés et les citoyens collés devant leur télé). Violent et débridé, ce polar surprend par son style direct et son imaginaire . Ici, donc, pour être un bon citoyen, il faut être aveugle. Ainsi, si la Brigade vous attrape avec des images en votre possession, elles les brûlent. Et vos pupilles avec, car tout bon citoyen, etc.

Mais Kao s’en fout du haut de ses quinze ans. Il ne craint rien ni personne. Il aime les images et emmerde la Brigade. Cela promet … En effet, on n’est pas déçu en suivant l’ado dans les rues de Badwords et l’on apprend même que des films auraient survécu. On les aurait enfouis dans l’île. Mais où ?
Il n’en faut guère plus pour que Kao n’en fasse qu’à sa tête pour tenter de les récupérer.

Guillaume Guéraud, La brigade de l’œil, coll. doAdo noir, Editions du Rouergue, septembre 2007, 416 p. – 14,00 €