Il était une fois l’Emir

Il était une fois l'Emir

L’Emir Abdelkader est loin d’être qu’un simple personnage historique. C’est
tout un symbole de la lutte anticoloniale et du combat pour la liberté. Né à
la Guetna près de Mascara en 1808, élevé dans la zaouïa paternelle dirigée
par son père, Sidi Mahieddine, la grande figure de la résistance algérienne
contre le colonialisme français reçoit une éducation solide qu’il complète
auprès de maîtres éminents à Arzew et à Oran. Il apprend les sciences
religieuses, la littérature arabe, l’histoire, la philosophie et consacra
toute sa vie à l’étude et au développement de sa culture.

Après la prise d’Alger en 1830, Sidi Mahieddine et le jeune Abdelkader
participent à la résistance populaire. Les tribus de l’ouest de l’Algérie se
réunissent et veulent choisir un chef pour défendre le pays. Sidi Mahieddine
sollicité s’excuse en raison de son âge et propose son fils, ce dernier fait
l’unanimité et est investi en qualité d’Emir par une grande assemblée réunie
près de Mascara, le 17 novembre de la même année.

L’Emir s’engage, ainsi, à diriger la guerre contre l’occupation française,
organise l’Etat national, constitue le gouvernement, désigne les Khalifats
pour administrer les provinces, mobilise les combattants, crée une armée
régulière, lève les impôts et rend la justice.
Après un long et dur parcours de combat contre la colonisation française,
l’Emir Abdelkader fut considéré comme prisonnier d’état par le gouvernement
français de l’époque. Il a été conduit à Toulon, puis à Pau et Ambois
jusqu’à octobre 1852. Il s’embarque pour la Turquie et s’installe à Brousse,
puis se fixe définitivement dans la capitale syrienne Damas où il s’éteint
le 26 mai 1883.

Ceci est pour l’histoire, mais revenons maintenant au présent. L’année
prochaine, c’est la célébration du bicentenaire de la naissance de l’Emir
qui regroupera dans plusieurs festivités les admirateurs de l’illustre
révolutionnaire. Â cet effet, la fondation "Emir-Abdelkader" entamera à
partir de novembre la célébration de cet important évènement. Pour cela, un
programme comprenant des conférences, des colloques et des séminaires pour
remémorer le noble parcours historique du fondateur de l’Etat algérien a été
concocté par la fondation en question.
La célébration qui débutera à partir de Novembre prochain se poursuivra
jusqu’à septembre de l’année 2008 en Algérie ainsi qu’à l’étranger, et sera
marquée par la tenue d’un colloque international sur l’Emir Abdelkader à
Alger qui verra la participation, entre autres, des présidents du Croissant
Rouge et de la Croix Rouge et des représentants d’associations des droits de
l’Homme, a indiqué à la presse le président de la fondation, M. Mohamed
Boutaleb.

Ce colloque représentera une opportunité pour "lancer un message à travers
le monde, pour montrer que l’humanisme provient de l’Islam et affirmer que
l’Emir l’a appliqué ici en Algérie", a ajouté M. Boutaleb soulignant qu’"il
y a beaucoup à dire sur l’Emir Abdelkader, soit sur ses combats, son
attitude humanitaire ou sur son enseignement de la tolérance et du vrai
Islam".

Un colloque national est prévu également à Constantine dans le cadre de la
célébration du bicentenaire de sa naissance, avec en outre des conférences
et des rencontres dans lesquelles, la vie, l’oeuvre et la conduite de l’Emir
Abdelkader seront au centre des discussions entre chercheurs, universitaires
et historiens, a-t-on appris. Il est à signaler aussi qu’un timbre où figure
le portrait de l’Emir sera édité à cette occasion.

D’autres festivités sont prévues dans plusieurs pays comme le Mexique, le
Venezuela, la Syrie, l’Egypte, la France et Cuba qui abriteront des
expositions d’objets de l’Emir et des conférences qu’animeront
d’"importantes personnalités et historiens".
La production d’un film cinématographique retraçant la vie et le combat de
l’Emir Abdelkader est aussi au menu. Le scénario est écrit par l’actuel
président du Conseil constitutionnel, M. Boualem Bessaïh, auteur de
l’épopée de Cheikh Bouamama. Le scénario est actuellement en phase de
vérification par des historiens avertis.

Soulignons que toutes les sections de la fondation "Emir-Abdelkader" seront
mobilisées à travers certaines wilayas, une année durant, pour assurer
l’organisation des rencontres et d’autres activités en hommage à l’Emir afin
de "permettre aux jeunes générations de connaître leur histoire".

Connaître l’histoire. En voila un besoin qui tiraille réellement la jeunesse
algérienne. Une jeunesse qui ignore encore jusqu’à aujourd’hui quel fut
héroïque le combat de l’Emir Abdelkader. Un combat qui, s’il était encore en
vie, n’hésitera certainement pas à reprendre pour sauver son pays de la
déchéance dont il est accablé de nos jours.