L’Odyssée du Danube : Un périple pour la paix

L'Odyssée du Danube : Un périple pour la paix

La paix est visiblement la muse préférée des artistes. Preuve en est, plus
d’une centaine d’artistes entamaient samedi un périple pour la paix de
quinze jours sur le Danube, de Vienne à Giurgiu en Roumanie, à l’initiative
de l’Institut international du théâtre méditerranéen (IITM), basé dans le
sud de la France à Marseille. En fait, c’est un porte-hélicoptères roumain
de 90 mètres, le Théodor-Kröner, qui accueillera acteurs, poètes, musiciens
ou danseurs de tous pays pour des spectacles à bord ou en extérieur, tout au
long des neuf escales programmées en Autriche, Slovaquie, Hongrie, Serbie,
Roumanie et Bulgarie.

Cette "Odyssée du Danube", co-organisée par l’Algérie, l’Espagne, la France,
l’Italie et le Maroc, est le prolongement de deux premières croisières déjà
porteuses d’un message de paix, en Méditerranée en 2001, et en mer Noire en
2003. En 2005, l’Odyssée n’avait pu avoir lieu faute de financement
suffisant.
Outre les débats et nombreuses improvisations attendus, deux spectacles sont
prévus : un ballet à Budapest sur la condition humaine avec la chorégraphe
française Marie-Claude Pietragalla sur une musique de Didier Lockwood et la
création d’un ensemble musical dirigé par l’Espagnol Luis Delgado.

Avec ce parcours sur le Danube, fleuve mythique dont les rives n’ont pas été
épargnées par des conflits sanglants, l’IITM veut "marquer le coup" de
l’entrée de la Roumanie et la Bulgarie dans l’Union européenne, explique à
la presse Richard Martin, directeur du théâtre marseillais Toursky et
président de l’IITM-France. Continuer à tisser les liens entre les artistes
d’Europe et du pourtour méditerranéen reste cependant la vocation première
des Odyssées.
"Ce sont les rencontres, les échanges et la connaissance qui feront qu’au
minimum on puisse se supporter", dit-il, se souvenant avec émotion " de
centaines d’artistes fraternisant" à bord du bateau ayant accueilli les deux
premières éditions, et "des dizaines de milliers de personnes" qui s’étaient
pressées autour.

"Même en Libye où cela semblait impossible, nous avons
organisé des manifestations de rue au pied levé", souligne-t-il.
Cet enthousiasme n’empêche pas M. Martin de dresser un constat négatif de
l’histoire récente.

"Nous sommes dans un cul-de-sac", regrette-t-il citant
"la situation israélo-palestinienne" ou "la marmite irakienne". "Les gens
sont inquiets pour leurs sources d’énergie, les conflits se développeront,
prédit-il. En Iran ou même au Kosovo, tout est prêt à repartir à la moindre
étincelle". Dans ce contexte, l’objectif de l’IITM qui, depuis sa création
en 1990, a mis en réseau des créateurs de 24 pays, est "d’ouvrir des portes
de secours". M. Martin espère également que l’aventure se poursuivra malgré
la difficulté à boucler les budgets, et prévoit déjà de retrouver le Danube
en 2009 avant de reprendre un bateau sur la Méditerranée en 2012 ou 2013.