Sauvons le climat maintenant

Sauvons le climat maintenant

Des négociations sont en cours, à Vienne, pour examiner la deuxième phase du protocole de Kyoto. Greenpeace interpelle les gouvernements en leur rappelant que le monde attend de très sérieux progrès en matière de lutte contre les changements climatiques. Pour appuyer leurs arguments, les écologistes ont fait appel au photographe Spencer Tunick.

Le protocole de Kyoto est entré en vigueur en février 2005. Ratifié par 175 pays, il engage 38 pays industrialisés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre dans des proportions propres à chacun. L’addition des objectifs particuliers donnerait, sur la période 2008-2012, une réduction globale des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 5 % par rapport aux niveaux de 1990.

Jusqu’au 31 août, un millier de responsables gouvernementaux et industriels, de représentants d’organisations environnementales et d’instituts de recherche se réunissent à Vienne pour préparer la conférence des Nations unies sur le climat prévue à Bali, en Indonésie, du 3 au 14 décembre.
Ordre du jour : tenter de définir les moyens de stabiliser les changements climatiques au-delà de 2012. « Selon ce qui se décide, nous saurons si nous sommes sur la bonne voie ou si la volonté politique fait défaut », explique Karine Gavand, responsable de la campagne Climat de Greenpeace France.

Pour maintenir l’augmentation globale des températures moyennes en dessous de 2° C et pour que les gouvernements honorent leurs engagements, il faudrait, selon l’organisation écologiste, que les émissions de gaz à effet de serre soient réduites d’au moins 50 % d’ici à 2050 (par rapport aux niveaux de 1990) à l’échelle mondiale. Ce qui implique pour les pays développés, une réduction d’au moins 30 % d’ici à 2020 et d’au moins 80 % d’ici à 2050 (par rapport aux niveaux de 1990)...

«  Malgré l’accumulation de rapports toujours plus alarmants sur la vitesse et l’étendue des changements climatiques, nous déplorons l’immobilisme des gouvernements qui tardent à prendre les mesures nécessaires, déclare Karine Gavand sur le site de Greenpeace France. D’ici à la conférence de Bali, en France, le Grenelle de l’environnement fera office de test pour le gouvernement, qui doit désormais prendre les mesures qui lui permettront de respecter son engagement en faveur du "facteur 4", c’est-à-dire la division par quatre des émissions françaises à l’horizon 2050. »

Pour sensibiliser l’opinion publique, Greenpeace a souvent recours à de légitimes opérations commandos. Les pollueurs de tout acabit, les massacreurs de forêts, les tueurs de baleine... sont souvent les cibles de ces actions directes non-violentes et néanmoins très percutantes.

Changement de registre avec la dernière action entreprise pour lutter contre les changements climatiques. L’organisation écologiste a fait appel au photographe américain Spencer Tunick et à six cents personnes très motivées et peu frileuses.

On connaît Spencer Tunick pour ses installations humaines à travers le monde. New York, Londres, Melbourne, Montréal, Sao Paulo, Vienne, Cleveland, Düsseldorf, Barcelone, Bruges, Amsterdam, Lyon... ont vu déferler des centaines, voire des milliers (18 000 à Mexico), d’hommes et de femmes totalement nus qui se prêtaient au jeu de l’artiste.

Délaissant provisoirement les lieux publics urbains, Spencer Tunick a, le vendredi 17 août, emmené six cents volontaires sur le glacier d’Aletsch, en Suisse. Le lieu n’a pas été choisi au hasard. Durant les cent cinquante dernières années, les glaciers alpins ont perdu près du tiers de leur surface et près de la moitié de leur masse sous l’effet des changements climatiques. Le glacier d’Aletsch, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, a reculé de 115 mètres entre 2005 et 2006.

La mise en scène au glacier d’Aletsch symbolise donc la vulnérabilité des glaciers... et de l’humanité. « Avec l’environnement, c’est aussi l’homme qui est menacé par les changements climatiques. L’œuvre de Spencer Tunick doit nous mettre en garde. L’artiste nous montre à quel point l’avenir de l’homme est lié à celui de la planète et nous rappelle qu’il est urgent d’agir », commente Karine Gavand.

Après une longue marche dans la douce fraîcheur montagnarde, les militants et sympathisants écologistes sont montées à une altitude de 2 300 mètres. Le résultat est captivant. Debouts, assis ou couchés, en groupes ou alignés, de dos comme de face, les corps nus exposent leur touchante fragilité. « Mes photos doivent émouvoir le spectateur. Il doit se sentir touché dans son existence d’individu », affirme l’artiste. Pari réussi avec une inquiétante beauté.

Reste à se demander si les gouvernements et les industriels n’auront pas besoin d’actions beaucoup moins poétiques pour prendre les mesures qui s’imposent, dès maintenant, si nous ne voulons pas tous crever la gueule ouverte...

Plus d’infos sur le site de Greenpeace : http://www.greenpeace.org/france
Si vous voulez en savoir plus sur les performances de Spencer Tunick : http://www.spencertunick.com