« LES RONCES » le film « culte » de F. Vignale
Un sujet religieux traité par un réalisateur de l’improbable. Court métrage d’une structure minimaliste délibérée qui déstructure l’idée de Dieu sans fausse retenue et sans réel blasphème .
Religiosité
Le tournage a eu lieu dans un cimetière afin de décaler volontairement les personnages. Une vision spectrale , une ambiance de mort – filigrane de la transcendance .
Avec l’abandon de la couleur, le réalisateur impose l’essentiel dans une démarche minimaliste : le noir et blanc ; le noir-blanc ; le blanc-noir ; la vie-la mort.
L’Eglise
La pierre angulaire du film de détache au début avec des personnages ecclésiastiques. La suffisance d’un évêque aux dents longues et la foi d’un curé de campagne qui coupe ses ronces.
Une confrontation se cristallise inévitablement et consacre la défaite temporelle de l’humble.
Cependant il ne s’agit pas d’un exercice de style voire une antienne connue ; nous assistons à la mise en place du miracle à venir , du choix de l’élu . L’auteur, Serge Scotto, a bien entendu opté pour la « victime » - Dieu préfère les innocents .
L’apparition
Dieu, personnage-« voûte » se présente à notre curé en créant une explosive surprise car il est………
Notre fantaisiste, chanteur, comédien désopilant joue ici son propre rôle… « divinement ». L’entrée du personnage-comédien crée un choc imprévu ; comme un coup de couteau dans « la toile » - à la mesure du soudain miracle .
Grandeur et « misère » s’interpénètrent . Le solennel de la divinité est ici asséné par l’imposition des décalages entre : le rôle , l’improbabilité du comédien… l’improbabilité de l’homme ; Jouvet n’a pas besoin d’y rajouter le sentiment.
La Chair
Edouardo se dédouble, Dieu se présente ainsi en même temps sous la forme d’une fille nue dont il flatte la fesse.
Un semi délire d’une bacchanale pudique ; un souvenir de Pier Paolo. Mais en même temps l’affirmation de la chair comme essentiel , rappelée par le christianisme :
« Ceci est mon corps » - « ceci est mon sang » - « la résurrection de la chair » et peut être enfin : « Dieu est Amour »
« Théorème »
La démarche cinématographique de Pasolini nous « démontrait » la gloire de Dieu dans la petite perspective de l’homme face à lui.
Ici l’esprit est le même, les moyens différents justifient paradoxalement l’équivalence de la démarche intellectuelle .
La fiction pasolinienne nous dévoilait un être d’exception inquiétant et surnaturel aux pouvoirs évidents .
« Les Ronces » revêtent un sur naturel média dont l’évidence jaillit du naturel de la présence d’Edouardo . Avec son humanité réelle de « crève-écran » il nous assène une émotion insondable ; comme les voies de Dieu.
Mais l’histoire n’est pas ici contée, le dialogue nous donnera quelques « révélations » : il faut VOIR ce film ; un court métrage qui en vaut un long.
Vignale en surmultipliée ; l’Art rivalisant avec le divin…peut être ?
A coup sûr une (c C)réation !