Jamelix et Obelix à n’importe quel Prix !

Jamelix et Obelix à n'importe quel Prix !

Les nouveaux Gaulois made in Chabat envahissent nos écrans, nos journaux, nos radios nos télés et même Le Mague. Le pendant marketing français du Harry Potter anglais déferle dans notre horizon culturel à coups de mauvaises bandes annonces quasi-parodiques, de réalisateur sympa bourré de copains, et de vedettes du petit écran enfuis du vaisseau Canal Plus…
Plus de 950 salles en France accueillent le tome 2 Djamelisé de la Bande Dessinée culte (mais pas cuculte) que l’on a tous en mémoire, c’est trop, c’est lassant, faisons taire le barde de la World Compagny une bonne fois pour toute. Bien le bonjour à l’exception culturelle française qui singe les recettes faciles des grands standards des navets américains, il n’y a pas de morale dans les affaires. Vous ne pourrez pas y réchapper, autant analyser le phénomène avant et faire les vilains cyniques.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes et sont colossaux même traduits en euros, « ce film » est la plus grosse production de l’histoire du cinéma français : 327 millions de francs. Cela ne s’appelle pas une œuvre d’art, ni même un long métrage mais un produit, un investissement où des producteurs peu amoureux du cinéma ne prennent pas de trop gros risques.

Le résultat à l’image en cinémascope ? ; des effet spéciaux aussi impressionnants qu’un Dimanche à la Messe. Des acteurs aussi pertinents et fins dans leur rôle qu’un pingouin en Floride. L’ensemble entouré d’une dose d’humour style « nul réchauffé » dans un beau paquet « Bonux » et le film arrive bien emballé pour les vacances scolaires. Les entrées vont grimper à la vitesse de la lumière de la rampe, toute l’équipe se pavanant de plateaux télés en plateaux repas et la foule est en délire. « Standing ovation » pour Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Mission réussie, cette « œuvre » est déjà considérée comme le premier événement cinématographique de ce début d’année. Et par ce temps maussade, cela vaut la peine d’aller se réchauffer dans une salle obscure à la lueur d’un charmant divertissement pour toute la famille. Rien que pour cette raison, ne ratez pas ce film. (C’est aussi la seule véritable bonne raison que nous ayons trouvé pour vous persuader honnêtement d’acheter votre place sans frauder).

Vous admirerez Alain Chabat acteur, Alain Chabat producteur, Alain Chabat spectateur, présentateur du Burger Quizz et enfin, Alain Chabat récompensé par les professionnels de la profession, vous allez être servi. On en viendrait même à l’envier et à l’admirer finalement ce Chabat. Reprendre la célèbre bande dessinée d’Uderzo et Goscinni et parvenir à la transformer en parodie sinistre et sans goût il fallait avoir un certain talent, un vrai don d’alchimiste. Mais avec un budget à ce Prix-là tous les rêves sont permis et les idées coulent à flot aussi mauvaises et démagogiques soient-elles, pas de place pour le génie dans ce système-là, Chabat si malin soit-il ne court-circuite rien, n’étonne pas le moins du monde.
Le panel d’acteurs est sans doute la chose la plus surprenante de cette production, un casting de rêve qui étouffe le propos : Monica Belluci (rôle refusé par isabelle Adjani qui le trouvait trop populaire), Jamel Debouze, Alain Chabat himself, Gérard Darmon, Edouard Baer, Claude Rich, Christian Clavier, Gérard Depardieu. Mais sincèrement, pourquoi tant d’efforts et une sélection si drastique des comédiens ? Pourquoi payer autant d’acteurs aussi chèrement puisque finalement le seul qu’on voit et qui tire ton épingle de la momie, c’est Jamel, Astérix c’est lui. Il peut le remercier son ami de lui offrir un Djamel show dans des Pyramides autres que celle du Louvre. Et quand par malheur, le hasard d’un plan fait que Depardieu se retrouve derrière Jamel et bien c’est fini. On ne voit plus Gérard qui lui titube au soleil. Ne vous méprenez pas et attendez avant de crier à l’incompétence de l’équipe technique. Elle n’y est pour rien, ce Jamel crève l’écran, consciemment ou inconsciemment. Sous tous les angles et à tous les points de vue. Vous ressortirez de ce film en frôlant l’indigestion et en marmonnant « Djamel ». Ne rêvez pas, vous n’en ressortirez pas indemne.

Résultat des courses de char, on en ressort pas « ravix » de ce tome 2 qui ressemble plus à un repas arrosé entre potes du show bizz branchouillard (à défaut de nos deux héros franchouillards), elles ont dû être sympa les fêtes du tournage, ce qui est dommage c’est que cela ne se voit pas à l’image. Mais qu’allaient-ils faire dans cette galère romaine-là tous ces excellents acteurs pris individuellement ! ! !