Monsieur Modeste

Monsieur Modeste

L’Irak ne va pas mieux sans Saddam Hussein, loin s’en faut… On ne doit pas non plus le regretter : le dictateur était un petit Hitler. Comme il était irakien, les GI’s ne sont pas venus en libérateurs, et les hauts gradés de l’état-major commencent à le comprendre, même s’ils n’ont goûté de la cuisine irakienne que la peur au ventre de rouler sur une mine ou de rencontrer un autochtone bardé d’explosifs. Les Américains vont s’en aller, avec armes et démocratie dans leurs bagages, reste à savoir quand et comment : pas question pour George W. Bush de partir la queue basse avant les élections, son père et ses amis républicains ne lui pardonneraient pas la débandade, un retrait précipité un peu comme à Saigon ! Reste alors la dérobade, et l’ami américain s’appelle Nicolas Sarkozy. Pas le choix. Son ministre des Affaires étrangère est le seul homme crédible à avoir réclamé une intervention en 2003, mais sous l’égide des Nations-Unies… Bernard Kouchner bénéficie non seulement d’une image d’homme de paix, grâce à son action en tant que médecin du monde, et il est le digne successeur d’un autre diplomate emblématique, Dominique de Villepin, l’homme qui justement, s’était élevé contre l’intervention américaine en Irak. Il est venu à Bagdad exprimer un message de solidarité de la France au peuple irakien et entendre l’ensemble des communautés, sans exclusive, ont déclaré les services du Quai d’Orsay, mais aussi saluer la mémoire du représentant spécial le jour anniversaire de l’attentat qui a coûté la vie à Sergio Vieira de Mello, et à 21 fonctionnaires des Nations-Unies, dont plusieurs proches collaborateurs de Kouchner au temps où il était lui même Haut représentant au Kosovo. C’était aussi le propos de sa 1ère conférence de presse à Bagdad, placer l’avenir de l’Irak sous le haut patronage de l’ONU… Si la diplomatie française, qui n’a plus guère de poids entre le Tigre et l’Euphrate le répète à l’envi : nos ambitions sont modestes, le ministre va écouter ses interlocuteurs. Pour qualifier Bernard Kouchner, c’étaient vraiment les mots qu’il fallait !

Son premier coup d’éclat fut un four formidable,
Il fallait qu’il fût seul pour rebondir, presto
Or, à Bagdad, il n’est plus question de photo
Car tout ce qui s’y voit n’est pas vraiment vendable.

On a pourtant besoin d’un homme inoxydable
Pour prendre à bras le corps un éprouvant loto
Dont la gestion fait qu’on se défausse in petto :
Que veut-il feindre avec cette affaire insondable ?

Lui, n’a pas dénoncé un désastre annoncé
Alors, quand le ragoût est bien trop épicé,
Il croit pouvoir encore accommoder les restes.

Grâce à l’aura surgi du temps des crispations
En fait, ses ambitions ne sont pas si modestes :
Il tient à tout remettre au concert des nations !

 

Discours de Dominique de Villepin à l’ONU 14/01/03