Mais qu’est-ce qui se cache derrière l’infâme Laurent Gerra ?

Dernier avatar de l’affichage publicitaire urbain : La campagne RTL. Sur les affiches, accolé au logo de la célèbre radio où s’agitent les grosses têtes, un « vivons ensemble » magistral, invitant à penser que RTL est la radio de tous, la radio de toutes les majorités et de toutes les minorités. Chose étrange lorsque l’on sait que Laurent Gerra, y a agi durant de longues, très longues semaines dans Elections Matinales, lui l’humoriste si talentueux selon les journalistes, lui qui fut l’invité permanent de Drucker à une certaine époque, où il ne travaillait pas encore avec Jean-Jacques Péroni.

« Vivons ensemble » nous dit RTL, slogan racoleur qui pourrait nous faire oublier qui est ce Laurent Gerra, et quelle est la base de son humour.

Certes, il n’est que de voir le fonctionnement de l’offre télévisuel, pour s’apercevoir du non-recul critique des masses, adorant la Trash-TV, la real-cannibalisme-TV, les reality-show au ton angélique d’un Delarue tout mielleux face aux larmes programmées de telle mère endeuillée de sa fille, ou martyre de la trisomie de son fils. Mais avec Gerra, une nouvelle étape semble advenir : celle de l’humour réac, homophobe, qui non seulement s’affiche, mais en plus reçoit les acclamations du public qui en redemande, public toujours plus avide des saloperies dernière mode du PAF. Comme quoi la merde a bon goût.

Il n’est que de voir ses sketchs sur Jack Lang, ou encore sur Delanoë, la récurrence du traitement du thème de l’homosexualité ou encore de l’annalité et de la scatologie, pour comprendre que Gerra, loin de seulement plaisanter sur ce thème et faire des blagues ou des jeux grivois, en a fait un fer de lance de sa marque. Or cette marque n’est pas seulement celle de l’humour, elle est aussi politique, celle marquée à droite, droite réactionnaire, droite très poujadiste et gauloise lorsque l’on regarde celui qui écrit pour lui : Péroni, qui a permis à Gerra, comme ce dernier le dit lui-même lors d’un interview à L’Express (28/11/2002), d’assumer et d’exprimer sa « malfaisance », « son mauvais fond rigolard ».

Car il s’agit bien de politique derrière cette hargne désinvoltante de chansonnier. En effet, comme le rappelait en son temps Foucault, s’intéressant à la naissance du discours sur la sexualité dans son Histoire de la sexualité, le discours sur les comportements sexuels périphériques (autrement dits caractérisés de déviants) est corrélatif de la volonté de mainmise politique sur le corps et de sa mise à disposition.

Or, Gerra/Péroni s’attaquant lors des élections à la gauche se sont empressés d’associer certains leaders de gauche à l’homosexualité renforçant, pour les auditeurs la marque discrimante. C’est ainsi que parlant de ce qu’organise Jack Lang : Gerra non seulement pouvait mettre au ban rap et techno (dans la droite ligne des beaufs réacs), mais en plus, faire dire à Jack Lang, qu’il allait créer « l’été des gougnottes et des tarlouzes ». Ou encore brocardant Delanoë, depuis qu’il est maire de Paris, n’avoir de cesse de l’appeler « Notre dame de Paris », jouant ensuite avec tous les jeux de mots possibles liés à la scatologie ou bien la sodomie.

C’est en ce sens que répondant à L’express une question portant sur sa possible homophobie, il peut répondre : « bon c’est pas d’une grande finesse. Mais il n’y a pas de raison d’épargner la Techno parade et la Gay Pride ». Ou encore à Paris Match : "Ne pas se moquer de l’homosexualité de Bertrand Delanoë, ce serait le marginaliser".

En bref, RTL, radio de tous, bien nettoyée de toutes les minorités, notamment gays et lesbiennes, radio courtoise, à l’instar de sa sœur parisienne, où la convivialité du « Vivons ensemble », ressemble fort, à un « Vivons entre français hétéro-catho » !