Un squat anti-déchets toxiques dans la Drôme

Un squat anti-déchets toxiques dans la Drôme

Quelques « révolté-e-s d’ici et d’ailleurs » occupent trois maisons situées sur des terrains convoités par des projets industriels de pointe, notamment nucléaires. Nous avons reçu leur tract. Le voici tel quel. La justice s’intéressera à cette affaire le 6 septembre. Cela se passe dans la Drôme et on nous signale qu’il y a encore des maisons libres…

A deux pas de la gare high tech Valence TGV, quelques maisons se dressent entre vergers et silos. Le site est voué à accueillir un pôle d’excellence en déculpabilisation industrielle et nucléaire.

En effet, ROVALTAIN (syndicat mixte comprenant 53 communes situées entre Romans-sur-Isère, Valence et Tain-l’Hermitage) projette d’accueillir les sièges de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) et de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire). En français, deux centres de recherche sur les produits toxiques, conséquence inévitable de la suractivité industrielle et nucléaire, locale et nationale.

Le premier, l’IRD, se concentrerait sur l’application de la directive européenne REACH. Cette nouvelle réglementation vise à remplacer certains produits toxiques présents dans des biens de consommation courante, par des composants inoffensifs. Belle idée a priori. Cependant, en y regardant de plus près, ce sont les entrepreneurs qui doivent prouver la sûreté de leur produit et il n’y aura pas de remplacement des produits toxiques si cela n’est pas rentable économiquement. L’application de cette directive REACH suit encore et toujours le principe capitaliste où le profit passe avant nos santés. De plus, cela implique le transport de produits toxiques jusqu’au site, puis leur stockage sur place. Les entreprises ne récupèreront pas les échantillons qu’ils ont offerts à la recherche ! Ce laboratoire va donc concentrer des déchets toxiques venant de toute la France.

Le second centre, l’IRSN, est un institut qui vise à analyser et réduire les risques liés au nucléaire. Il traite les problèmes d’irradiation de personnes ou de sites, contrôle et protège les matières nucléaires, notamment « contre les actes de malveillance ». Officiellement.

A Alixan, ses chercheurs étudieront les « rayonnements ionisants », autrement dit les radiations et leurs conséquences sur les êtres humains et leur environnement. De même, cela implique le transport et le stockage de matériaux radioactifs sur le site.

L’IRSN est l’organisme de propagande présent pour vous répéter que le nucléaire n’est pas dangereux, ou en tous cas, ses risques sont maîtrisables. Ce sont les mêmes chercheurs qui ont « maîtrisé » le nuage de Tchernobyl en le forçant à contourner le France (opération menée avec brio, quel talent !), les mêmes qui n’ont fait fonctionner Superphénix que 30 heures en plus de dix ans, les mêmes qui maîtrisent les déchets nucléaires en les envoyant sous terre, en mer, ou en Sibérie. Deux cent cinquante de ces individus sont invités par ROVALTAIN.

Ce projet regroupe donc quelques centaines des nucléocrates les mieux payés de France. Ils s’implantent en plein cœur de la vallée du Rhône, entre nanotechnologie, pétrochimie, pharmaceutique, etc. Alixan ouvre les bras à la bonne conscience des gros pollueurs qui pourront ainsi continuer leurs activités habituelles.

Pour ajouter à l’hypocrisie privée, l’Etat finance le dit projet à hauteur de 8,5 millions d’euros pour aider à la reconversion des employés de l’industrie de la chaussure de luxe, ancienne spécialité locale. Au lieu de tanner le cuir, les locaux pourront brasser des déchets toxiques et radioactifs. Il ne faut pas se leurrer, les emplois qualifiés pourront être occupés par des Parisiens ou pas, grâce à la proximité de la gare Valence TGV.

Actuellement, nous sommes quelques un-e-s à occuper des maisons sur ce site. Entre autres, nos activités consistent à empêcher leur destruction, retardant ainsi les projets de ROVALTAIN. Cela nous donne le temps et l’occasion de vous informer avant le début des travaux.

Les anciens propriétaires de ces habitations ont dû revendre leurs biens au syndicat mixte à des prix bien au dessous de leur valeur. Ceux qui le refusaient ont été expropriés. Ce processus a commencé il y a dix ans. Aucun d’entre eux n’a été prévenu des projets de ROVALTAIN pour la zone, pas même ceux qui ont acheté et rénové une maison il y a trois ans. Tous ne sont pas soumis aux mêmes délais pour déménager. En quelques mots, le flou et les non-dits planent.

Profitons-en pour manifester notre refus de ce projet hypocrite et polluant, utile à la logique de profit des entreprises, utile à la bonne image de ROVALTAIN, mais nuisible à l’environnement, dangereux pour les futurs employés, inefficace dans la lutte contre les toxiques.

Nous sommes une épine dans le pied de ROVALTAIN et nous allons tout faire pour qu’elle s’y infecte.

Contact : megaboom@no-log.org

Collectifs Patrick et Valkimeur, Maison Blanche, 26300 Alixan.