Des médicaments... polluants !

Des médicaments... polluants !

Il y a quelques années, la question des traces de médicaments dans l’eau est venue rejoindre la préoccupation mondiale sur les risques environnementaux et sanitaires liés aux mélanges de polluants émergents dans notre environnement. L’Académie nationale de Pharmacie doit rendre sous peu un avis sur l’impact sur la faune, la flore et l’homme, du rejet de médicaments dans les eaux usées...

Les premières grandes séries d’analyses ont été réalisées dans les rivières et les nappes d’eau souterraines qui alimentent Berlin en eau potable au début des années 2000 : les chercheurs ont mis en évidence des traces de pollutions humaines dans ces eaux et notamment des anti-inflammatoires, des antiépileptiques, des hypolipémiants... Dans la foulée, le United States Geological Survey a réalisé des analyses dans 139 rivières américaines dont 80% contenaient des résidus de médicaments en vente libre pour le public et 50% des traces d’antibiotiques et d’hormones oestrogènes.

Ce n’est pas plus rose en France : en 2004, des chercheurs ont retrouvé des traces d’hormones dans la Seine, certes faibles mais suffisamment concentrées pour perturber le développement sexuel des poissons. Peu d’autres études sont disponibles mais des recherches sont en cours, notamment sur les rejets de stations d’épuration et leurs boues.

Le risque est direct pour les citoyens : en France, 40% des eaux potables sont produites à partir des eaux de surface, qui sont polluées par les rejets issus de nos activités. Et si les usines de production d’eau potable ont déjà été globalement améliorées en France pour produire une eau de très bonne qualité, des financements considérables vont être nécessaires pour rénover les filières d’assainissement si nous ne savons pas réduire ou faire cesser la pollution en amont.

Il est en tout cas urgent à mener des recherches afin d’évaluer très précisément les effets biologiques de tous ces mélanges de polluants (dont les résidus de médicaments) sur l’environnement et les organismes supérieurs.