MICHEL SERRAULT... LE VIAGER EST ENFIN DISPONIBLE !

MICHEL SERRAULT... LE VIAGER EST ENFIN DISPONIBLE !

Jeudi 2 août 2007, jour de l’enterrement de Michel Serrault, j’ai regardé le film "Le Viager" de Pierre Tchernia sur France 3 qui rendait hommage à notre cher disparu.

L’hypocrisie et le machiavélisme y sont là subtilement scénarisés pour être portés à l’écran, sous forme de farce humaine.

Michel Serrault a toujours été un saltimbanque, un clown, un acteur et un interprète grandiose.

Dans ce film, comme dans les autres du même acabit, il joue le niais et le désabusé.

Mais le "Grand" Serrault n’a pas été, tout au long de sa carrière, que niaiserie et mièvrerie... il a su aussi émouvoir et étonner par ses compositions majestueuses.

Je l’imagine suivre ses propres obsèques et s’il avait été là, il aurait encore utilisé volontiers son sens de l’humour et de la dérision pour transformer ses funérailles en partie de rire et de plaisir entre copains.

Qu’est-ce que la mort... à part la fin de quelque chose que nous croyons connaître et le début d’une chose que nous ne connaissons pas du tout et qui reste du domaine de la grande inconnue qui fait peur à tant de gens.

Si Michel Serrault avait été présent, dans cette jolie petite ville Normande d’Honfleur et sur le port, il se serait associé à mes chers amis Frédéric Vignale et Le Fred venus tout spécialement de Paris pour lui rendre l’hommage qu’il méritait. Certains d’entre vous les ont jugé irrespectueux de s’être déguisés en "folles" (en référence à la cage du même nom), mais ce déguisement était plein de nostalgie et saluait l’artiste comme il l’aurait sans doute voulu. Croyez-vous que Monsieur Serrault puisse être sérieux devant sa mort. Je crois qu’il a bien du sourire et même rire en voyant nos deux compères. Il fallait bien qu’ils l’aiment pour faire le déplacement et affronter votre courroux. Non ce n’est pas de la provocation, du spectacle ou de la publicité... mais juste une forme de respect que tout le monde ne peut saisir. Un citoyen ordinaire ne peut comprendre ce qui se passe dans la tête d’autres artistes qui sortent de l’ordinaire, dans cette circonstance particulière de la mort. Molière ne voulait-il pas mourir sur scène ?

Michel Serrault aurait enfilé sa plus belle robe, coiffé sa belle perruque, mis du bleu à ses yeux et du rouge à ses lèvres pour aller rejoindre les deux Fred et mettre l’ambiance à la bonne humeur. Dans certaines contrées, on chante, on danse et on fait la fête pour accompagner les défunts... et on se met en blanc (comme la Reine Fabiola de Belgique lorsqu’elle enterra son mari le Roi Baudoin).

Non, la mort n’est pas triste, c’est seulement vous qui la rendez lugubre et insupportable par vos pleurs et vos grincements de dents, par vos jugements, vos crachats, vos sarcasmes et vos quolibets dirigés vers ceux qui ne réagissent pas comme vous et qui ont cependant de la peine qu’ils transcendent à leur manière.

L’âme de Serrault n’était pas avec les pleurnichards, mais auprès de mes confrères du Mague.

Pas besoin de vos discours aseptisés et de vos critiques stériles. Michel Serrault n’aimait que le délire d’un instant et la joie de vivre. Vous l’aimiez dites-vous, permettez-moi d’en douter parce que vous n’avez rien compris au personnage qu’il était, tant sur scène que dans la vie, puisque vous ne respectez pas ce qu’il appréciait par dessus tout. La vie n’est qu’une grande pièce de théâtre pleine d’actes divers et son rôle me plaisait tandis que le vôtre me fait gerber. Ce n’est pas sur Vignale ou Le Fred que vous venez de glaviotter... mais sur vous et votre esprit étriqué qui mourrait d’envie de faire comme eux, cependant vous n’en avez pas eu le courage ! Que pouvez-vous comprendre à l’âme des artistes, alors rentrez vite dans vos demeures et poursuivez votre triste vie... mais surtout laissez s’exprimer les braves gens qui sont venus le saluer comme le veut la tradition des gens de la balle.

La richesse de Michel Serrault vient de se transmettre, le viager est enfin disponible... mais il n’est pas pour vous !