Ingmar Bergman perd sa partie d’Echecs contre la Mort !

Ingmar Bergman perd sa partie d'Echecs contre la Mort !

Il y a quelques années j’avais consacré mon DEA* de Littérature et Cinéma à une oeuvre cinématographique d’Ingmar Bergman : "Le Septième Sceau". Ce matin, j’apprends le décès de ce génie de la pellicule, sans doute l’un des cinéastes les plus importants du siècle dernier.
Tous les cinéphiles sont aujourd’hui orphelins.

Ernst Ingmar Bergman, né à Uppsala le 14 juillet 1918 et mort le 30 juillet 2007 sur l’île de Fårö, était un metteur en scène de théâtre, scénariste, et réalisateur de cinéma suédois .

Il s’est imposé comme l’un des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma en proposant une œuvre s’attachant à des thèmes métaphysiques (Le Septième Sceau), à l’introspection psychologique (Persona) ou familiale (Cris et chuchotements, Fanny et Alexandre) et à l’analyse des comportements du couple (Scènes de la vie conjugale).

Il est le seul cinéaste à avoir obtenu la Palme des Palmes au Festival de Cannes en 1997.

La réputation d’Ingmar Bergman passe les frontières suédoises avec Sourires d’une nuit d’été qui est sélectionné au festival de Cannes en 1956. Le film y fait figure d’une surprise appréciable et obtient d’ailleurs un « prix de l’humour poétique » (sic). Mais c’est lors de la sélection de l’année suivante, avec Le Septième Sceau qu’il fait sensation. Le film, plus grave, est adapté de l’une de ses propres pièces en un seul acte (Peinture sur bois). L’intrigue sous forme d’allégorie tourne autour de la mort et du jugement dernier. L’accueil critique est enthousiaste. Il en est de même avec Les Fraises sauvages dans lequel il fait jouer l’un des pionniers du cinéma suédois, Victor Sjöström - qui jouait déjà dans Vers la joie. Il décroche à cette occasion l’Ours d’or du meilleur film au Festival de Berlin.
Entrée des studios de Råsunda, en banlieue de Stockholm. Ingmar Bergman tourne une grande partie de ses films dans les studios suédois.

La reconnaissance montante d’Ingmar Bergman aura plusieurs conséquences. La critique suédoise, jusque-là très réservée, se fera dorénavant moins sévère qu’elle n’était à l’égard de ses œuvres. Les studios suédois lui laissent les coudées franches et une pleine liberté de création. Le réalisateur recevra plusieurs propositions et de plusieurs pays pour tourner des films. Néanmoins, il préfèrera continuer à tourner en Suède. Ingmar Bergman a désormais l’habitude d’alterner théâtre, le courant de l’année, et cinéma, l’été. Il aime s’entourer de sa propre équipe et redoute le sort de certains de ses compatriotes, tels Victor Sjöström ou Mauritz Stiller qui s’expatrièrent aux États-Unis pour finalement tomber en désuétude.

En août 1958, dans les studios suédois de Råsunda, Ingmar Bergman tourne son vingtième film, Le Visage (Ansiktet, 1958) dans lequel il explore à nouveau le monde de la représentation. En dépit du talent qui lui est désormais reconnu, les films suivants, La Source (Jungfrukällan, 1960) et L’Œil du diable (Djävulens öga, 1960) sont peu appréciés par la critique. Il faut attendre À travers le miroir (Såsom i en spegel, 1961), pour que le cinéaste regagne ses lauriers. Le film a des résonances métaphysiques, cherchant l’existence de dieu par le truchement de la folie de son personnage principal, Karin, interprété par Harriet Andersson. Il est aussi initialement annoncé par Ingmar Bergman comme le premier opus d’un tryptique de « films de chambre », complété par ses deux films suivants : Les Communiants (Nattvardsgästerna, 1963) et Le Silence (Tystnaden, 1963). Mais le cinéaste revient plus tard sur cette intention de constituer une trilogie. À travers le miroir marque selon lui la fin d’un cycle et Les Communiants, une rupture. Ce dernier film, très inspiré de la figure de son père, règle ses comptes avec Dieu au travers d’un pasteur qui perd la foi ; l’existence de Dieu se trouve brusquement ébranlée et le monde apparaît aux yeux du personnage dans toute sa crudité. Le Silence ne contient aucune thématique religieuse, contrairement aux deux précédents films. Il traite de la relation trouble qu’entretiennent deux sœurs sur fond d’état de siège dans un pays inconnu. Si, par ailleurs, le film choque une partie de l’opinion à cause de scènes explicites, il reçoit les éloges de la critique et fait figure de chef d’œuvre.

Ingmar Bergman se trouve alors dans une bonne situation financière. Il épouse une pianiste professionnelle, Käbi Laretei, dont il a un enfant (Daniel) et s’installe à Djursholm. Après l’échec d’une mise en scène théâtrale, il consacre davantage son temps au cinéma.

En 1963, il est nommé directeur du Théâtre royal dramatique de Stockholm.

En 1976, suite à des ennuis avec la police fiscale il part s’installer à Munich.

En 1983, à la sortie de Fanny et Alexandre, il annonce qu’il prend sa retraite (mais il tournera quelques téléfilms, dont certains seront malgré tout présentés en salles).

Il meurt le 30 juillet 2007 à l’âge de 89 ans dans sa maison suédoise de l’île de Fårö.

* Le Religieux dans "Le Septième Sceau" d’Ingmar Bergman, Frédéric Vignale, Faculté des Lettres de Metz