Persepolis

Persepolis

Brillante leçon d’histoire et amusante satire de l’Orient comme de l’Occident, Persepolis est à l’origine une série de bande dessinée autobiographique en noir et blanc de Marjane Satrapi, qui en fait le scénario et les dessins.

Récemment adaptée en long métrage d’animation par Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi, Persepolis relate la vie de l’auteur, de son enfance en Iran à son entrée dans la vie adulte. Récit de l’évolution de l’Iran vue par les yeux d’une petite fille, Persépolis est une série touchante qui se veut instructrice, puisqu’elle constitue un témoignage au quotidien de la période trouble qu’a connu le pays lors de la Révolution islamique dans les années 1970-1980. Elle apporte un éclairage différent des récits historiques, en donnant un point de vue issu de la population, où les évènements sont vus de l’intérieur et vécus plutôt que rapportés.

Téhéran, 1978 : Marjane, huit ans, songe à l’avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la Révolution iranienne et provoquer la chute du régime du Chah. Avec l’instauration de la République islamique débute le temps des "gardiens de la révolution" qui contrôlent tenues et comportements. Marjane qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire.

Bientôt, la guerre contre l’Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère. Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l’envoyer en Autriche pour la protéger.

À Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l’adolescence, la liberté, les vertiges de l’amour mais aussi l’exil, la solitude et la différence. À son retour en Iran, Marjane retrouve un pays dévasté par 8 années de guerre et d’oppression.

Avec Persepolis, Marjane Satrapi réussit à travers sa propre jeunesse à rendre compte des difficultés de tout le pays à vivre sous le régime des mollahs, montrant les minuscules actes de résistance sur lesquels s’acharnent les gardiens de la révolution. Au fil de l’histoire, on suit ses rêves de prophète, l’irruption de la guerre Iran-Irak dans la vie quotidienne, le durcissement du régime, l’amour qui devient clandestin, les études sous surveillance, jusqu’à son départ en France.

AU détour du récit, quelques perles sur le mode de pensée et l’intériorisation de la contrainte : "nous cherchions tellement à être heureux que nous en oubliâmes que nous n’étions pas libre". Et quelques leçons de sagesse dispensées par une grand-mère ultra-moderne, transposables à toutes les époques.

A retenir : "c’est la peur qui nous fait perdre notre conscience".