Tour de France : Deutschland unter Schande

Tour de France : Deutschland unter Schande

C’était samedi la fête nationale en France, et la fierté en Allemagne, de voir leur compatriote Linus Gerdemann affirmer au Grand-Bornand sa suprématie sur le peloton. Trois jours plus tard, c’est la honte et le désenchantement — un concept philosophique typiquement allemand — à l’annonce de l’analyse positive à la testostérone de Patrick Sinkewitz, lors d’un test inopiné au cours de sa sélection pour le Tour de France, le 8 juin. Les chaînes de télévision ARD et ZDF ont réagi en suspendant immédiatement les retransmissions de l’épreuve, qu’ils diffusent à tour de rôle. À la place, ARD a présenté une telenovela, et ZDF rediffuse aujourd’hui une émission sur la cuisine… pendant 3 heures. La télé allemande avait déjà menacé de prendre une telle mesure à la fin du mois de juin, alors qu’un fort mécontentement public s’était exprimé à l’égard des affaires de dopage à la suite des aveux spectaculaires de plusieurs anciens coureurs de l’équipe phare du cyclisme allemand. À la suite de l’affaire Puerto, plusieurs coureurs de la T-Mobile avaient fait leur coming out en déclarant avoir utilisé des produits dopants, le plus souvent en pleine connaissance de cause. Successivement, Bjarne Riis, vainqueur de la Grande Boucle avec le maillot de l’équipe, Erich Zabel, leur sprinter, Rolf Aldag ou encore Jörg Jaschke, se sont répandus sur les écrans de télé pour avouer s’être livrés à des pratiques illicites pour améliorer leurs performances. Ils faisaient suite au retrait du leader allemand Jan Ullrich, qui avait mis un terme à sa carrière le 26 février dernier, éclaboussé par l’affaire Puerto. C’est un coup dur pour ASO, pour qui cette décision me semble un peu paradoxale parce que cela revient à sanctionner le Tour de France en ne le diffusant pas tandis que le Tour montre à chaque instant sa volonté de lutter contre le dopage, mais les directeurs de chaînes allemands, pressés par les annonceurs, souhaitent ardemment avoir un sport propre, tandis que les T-Mobile avouent à demi-mots par la voix de leur directeur qu’il leur en faudrait pas beaucoup plus pour lâcher l’affaire à leur tour.

Dans le scandale odieux des produits interdits,
L’équipe avait déjà défrayé la chronique
Alors, de ce côté du Rhin, c’est la panique :
Dira-t-on que tous ses sportifs sont des bandits ?

Depuis la fin de la semaine, ils sont maudits :
Après un choc, un gars a rendu sa tunique
Et chez lui, on se dit que le sort est cynique,
Avant les soins, il a pris un salmigondis.

Et s’il n’est plus possible aussi sec, qu’on élude,
À la télé, on met de suite un interlude…
La nation tout entière est aussi sous le choc.

Depuis quinze ans, elle a misé sur le cyclisme
Et les aveux ont fait comme un électrochoc :
Là, on a l’impression de vivre un cataclysme !