Un régime présidentiel pour un Parlement plus fort ?

Un régime présidentiel pour un Parlement plus fort ?

Il est un secret de polichinelle que la Ve République est un régime présidentiel qui ne dit pas son nom : sauf les rares cas de cohabitation, le Parlement est une chambre d’enregistrement des décisions du Gouvernement dans la droite ligne des instructions de l’Elysée. En témoignent les godillots de l’UMP qui peuplent actuellement le Palais-Bourbon dans le seul et unique but de dire amen aux volontés de leur Empereur.

C’est assez paradoxal au premier abord, mais basculer dans un régime présidentiel à l’américaine donnerait une importance accrue au pouvoir législatif. En effet, malgré ses défauts, le régime présidentiel américain ne manque pas d’atouts, à commencer par la puissance du Parlement.

Certes, la stricte séparation des pouvoirs liée au régime présidentiel n’est généralement pas du goût des juristes de France : le Président ne peut pas dissoudre le Parlement et le Parlement ne peut renverser ni le Gouvernement ni le Président (sauf par une procédure d’impeachement).

Mais le Parlement est puissant précisément parce qu’il n’a pas de lien avec le pouvoir exécutif : faute de pouvoir s’appuyer sur l’administration gouvernementale (comme c’est le cas dans un régime parlementaire), le Parlement dispose de ses propres organes et outils d’études, d’évaluation, de contrôle, etc.

Dès lors, aucun des pouvoirs ne peut agir sans l’aval de l’autre, ce qui nécessite une culture du consensus qui ne ferait pas de mal à la France. Je l’admets : la politique ne peut être le fruit du plus petit dénominateur commun entre les acteurs institutionnels. Mais répéter des cycles où les uns défont ce que les autres ont fait avant eux n’est pas très productif non plus. En témoigne la situation économique et sociale de la France en ce début de XXIème siècle.

Bien sûr, pour adapter ce modèle à la France, il faudrait revoir complètement l’organisation du Parlement et les moyens qui lui sont alloués (que ce soit d’un point de vue juridique, financier, matériel ou humain) sans quoi on ne ferait que renforcer le pouvoir exécutif sans contrepartie. Mais puisque tout le monde appelle la fondation d’une nouvelle République, il n’est pas interdit de proposer.