Le Tour de France file à l’Anglaise

Le Tour de France file à l'Anglaise

Je déclare sur mon honneur, devant mon équipe, mes collègues, l’UCI, la famille cycliste et le public, que je ne suis pas impliqué dans l’affaire Puerto ni dans aucune autre affaire de dopage et que je ne commettrai aucune infraction au règlement antidopage de l’UCI, ont solennellement affirmé les 189 engagés dans le Tour de France qui, paradoxe supplémentaire, part cette année de la capitale britannique. Pour signer cet engagement de bonne conduite, ils n’y sont pas allés comme un seul homme, et la liste des participants n’a été bouclée que la veille du départ. On comprend les coureurs, qui se sentent enfermés dans un cercle vicieux, duquel on exonère facilement les autres membres du staff, toute une chaîne au bout de laquelle se trouve un sponsor qui entend bien obtenir un retour sur investissement. Ainsi Alexandre Vinokourov, qui part favori, a-t-il été contraint au forfait l’année dernière en raison de la suspicion d’implication dans l’affaire Puerto d’un trop grand nombre de ses coéquipiers de l’équipe Liberty-Seguros. Le leader de la formation Astana, du nom de la capitale du Kazakhstan, fait toujours polémique depuis qu’il a révélé qu’il travaillait avec le sulfureux Dr Michele Ferrari. La conférence de presse organisée jeudi avec le champion à Londres l’a sans doute éclairé sur le traitement qui lui sera fait désormais. De sport, il ne fut pas question. Un journaliste irlandais lui a même lancé : si tu gagnes à Paris, je serai triste pour le cyclisme. Il était d’ailleurs à l’étude l’exclusion des formations Caisse d’Épargne et Discovery Channel pour non-respect du code éthique. Dans une ambiance un peu délétère, équipes et sponsors s’interrogent sur l’opportunité de compromettre une image qu’ils souhaitent valoriser dans un grand déballage immoral des passions humaines, et ce pendant 3 semaines, au vu et au su de tous. Phonak a déjà jeté l’éponge en raison des déboires de son champion Floyd Landis, Crédit Agricole fait sa dernière saison, Cofidis hésite à renouveler son contrat. La lutte anti-dopage engagée par l’UCI a eu aussi pour conséquence de renchérir les tickets d’entrée : T-mobile a dû allouer un budget de 15 millions d’euros à son équipe alors que la moyenne se situe autour de 7 millions. Pour d’autres, comme AG2R, la recherche de partenaires est désormais à l’étude. Comme la plupart des anciens leaders sont partis à la retraite, de gré ou de force, le Tour de France est aujourd’hui au pied du mur.

Qui veut revivre un jour le tour de l’an dernier ?
Tant qu’il n’a pas tiré les leçons du dopage,
On craint que se produise un nouveau dérapage,
Qu’un crabe abject s’installe au-dessus du panier.

Si le triomphe exalte encore un faux-saunier,
On verra le public faire un sacré tapage…
Le cyclisme a du mal à se mettre à la page,
Et ses sponsors sont à deux doigts de le renier !

Ils vont sourire à voir le premier maillot jaune :
Se souvient-on que c’est la couleur du nain-jaune ?
On sait déjà que le vainqueur n’est plus à jeun…

Voit-on que les coureurs vont rouler à l’eau claire
Quand au départ sans un dossard numéro un,
Un triste éclat jusqu’au podium ce mythe éclaire !

 

Le coup de gueule de Tom Boonen :

 

Le détail du parcours de la Grande Boucle :