Au PS Fracture Ouverte

Au PS Fracture Ouverte

Le torchon brûle au PS, mis à mal par l’action de siphonage du président de la République. Les socialistes, ne l’oublions pas, ont remporté toutes les élections générales organisées pendant la précédente législature, et il s’est fallu d’une semaine pour que la majorité présidentielle vacille au scrutin du 17 juin 2007. Les municipales sont au printemps prochain, et l’état de grâce ne jouera plus en faveur de l’UMP. Le bénéfice des réformes en discussion en ce moment, s’il doit y en avoir, ne se sera pas fait sentir et par ailleurs, il sera temps de songer aux déficits publics. L’ouverture de Nicolas Sarkozy a un objectif, dont personne n’est dupe : casser l’opposition pour cinq ans. Après avoir attiré des personnalités marginales, telles que Bernard Kouchner ou Jean-Marie Bockel, il arrive à grignoter l’appareil de la rue Solferino à la faveur des dissensions qui s’y manifestent : Hubert Védrine et Jack Lang sont les deux prochaines cibles, et il semble que le président de tous les Français ait fait mouche. L’Élysée a rendu lundi public une mission que le chef de l’État a confiée au ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin, et Jack Lang a concédé jeudi qu’il serait amené à travailler sur la réforme des institutions avec Édouard Balladur et Pierre Mazeaud. Il n’a pas encore accepté, mais considère que la rénovation de la maison commune de la République — notre Constitution — réclame la contribution intellectuelle de tous les démocrates. Cette attitude a provoqué un échange très vif avec le président du groupe parlementaire socialiste, qui a prévu de l’exclure. Ce ne sont pas les menaces que tu profères qui dicteront ma conduite aujourd’hui ou demain, a répliqué le député du Pas-de-Calais, et de fait, quelle objection pourrait-il opposer à une telle proposition ? Les socialistes n’ont pas refusé la présidence de la commission des Finances… Évidemment ! Personne ne m’interdira de me réjouir publiquement que le président de la République ouvre le chantier de la modernisation des institutions, a-t-il déclaré. Le rouge est mis : attention à ce climat de suspicion, de chasse aux sorcières qui sont souvent le signe d’une forme de crispation et de repli sur soi, a mis en garde jeudi matin Manuel Valls. Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy poursuit son travail de sape : il a reçu Jacques Delors au sujet du traité simplifié mercredi, et rencontre Laurent Fabius vendredi. Il est vrai qu’il dispose d’une courte majorité pour le faire passer, mais le référendum du 29 mai 2005 a creusé de profondes lignes de fracture au sein du camp socialiste…

Le chef d’État l’a dit, son truc, c’est la rupture :
Il rompt avec son clan et se met en travers
Des ambitions de ses amis, qui en sont verts,
Mais il prétend qu’il va transformer la structure.

Les gens de Gauche, ensuite, ont vu dans sa posture
Un signal fort qu’ils sont les pions d’un jeu pervers,
Ils se font du souci pour un prochain revers :
Au fond, ce qui leur pend au nez, c’est la fracture !

Sur le front du refus, d’ailleurs, les rangs se vident,
Tous vont chercher fortune ailleurs, c’est évident ;
Le coup d’estoc, il se prépare à l’Assemblée…

L’élu frondeur qui n’irait pas en commission
Serait par tout le monde assez mal vu d’emblée :
D’abord, son rôle est d’être utile à la nation !

 


Les dangers de l’ouverture, selon David Assouline