Repenser la gauche, sans l’extrême-gauche ?

Repenser la gauche, sans l'extrême-gauche ?

Né en 1984, je suis d’une génération qui n’a pas vécu mai 68 et qui n’a connu du communisme que l’héritage stalinien, le génocide cambodgien et la dictature coréenne.

Dès lors, être de gauche n’est pas une évidence. De plus, alors que la droite est toujours différenciée de son extrême dans l’imaginaire collectif et le traitement médiatique, c’est rarement le cas pour la gauche et l’extrême-gauche. D’ailleurs, on trouve toujours les vestiges de la vulgate marxiste côtoyant les préceptes de la doctrine social-libérale dans la macédoine idéologique du PS.

Il y a pourtant deux écueils symétriques à fuir dans la rénovation du Parti Socialiste : la tentation centriste et la tentation gauchiste.

Tout d’abord, parce que l’ouverture appelée par les tenants de la social-démocratie perd tout son sens si c’est pour faire chambre commune avec les valoisiens et les giscardiens. Ensuite, parce que les leaders d’extrême-gauche affichent eux-mêmes leur volonté de ne pas gouverner, alors qu’un parti politique a pour objet la conquête et l’exercice du pouvoir. Certes, l’anarcho-syndicalisme est à l’origine de l’engagement socialiste mais il est temps que les Verts et le PC cessent de faire le pont et la planche entre les socialistes et les trotskistes. Car les forums participatifs de Ségolène Royal ont mis en évidence l’attente populaire : des solutions concrètes aux problèmes concrets. L’utilité intellectuelle des ouvrages de Lénine ou de Marx est évidente mais le PS n’a pas besoin de s’inventer une légitimité philosophique : il a une histoire.

Nous devons oublier nos tabous idéologiques : si la gauche moderne est anti-libérale, elle n’est certainement pas néo-gauchiste. Lionel Jospin avait résumé simplement : “oui à l’économie de marché, non à la société de marché”. Comme quoi on peut s’adapter sans se renier : c’est en regardant le monde tel qu’il est qu’on peut agir pour le progrès social. Nous devons cesser de fuir les sujets qui nous gênent : un thème n’est ni de droite ni de gauche, c’est la façon de le traiter qui est politiquement colorée. L’immigration, la sécurité, l’identité nationale… Les Française(es) attendent des positionnements sur ces questions, pas des fuites en avant ! Même définir la gauche semble une gageure pour nos leaders. Ce n’est pourtant pas si compliqué : être de gauche, c’est vouloir que le temps de la vie consacré à assurer les besoins de la survie soit le plus court possible.