CRITIQUE DE LA CRITIQUE « Boulevard de la mort » de Quentin Tarantino

CRITIQUE DE LA CRITIQUE « Boulevard de la mort » de Quentin Tarantino

Le dernier Quentin Tarantino « Boulevard de la mort » sort actuellement en France. La plupart des critiques le descendent, par ignorance crasse, par défaut d’analyse et parce que leur culture étriquée de bobo rive gauche ne dépasse pas les films d’arts et d’essai européens ou la grosse cavalerie américaine. Retour de manivelle sur un film hommage aux films cultes mais pas seulement…

Tarantino, tout le monde connaît. “Boulevard de la mort” son dernier film sur les écrans est marrant. Je soutiens ce film parce que nombre de critiques nuls ont dit que c’était nul, archi nul (notamment dimanche soir sur F.Inter “Le masque et la plume” où tous hormis le critique des Inrockuptibles l’ont descendu). Pourquoi sont-ils nuls parce que ce sont de vieux chnoques qui ne connaissent rien à la culture rock n’roll dont est imbibé notre réalisateur. On est pas obligé de connaître tous les codes pour comprendre ou apprécier un film, certes, mais pour le critiquer, il est demandé un minimum de “savoir”. Et ces crétins critiques n’en ont manifestement aucun en la matière !

La culture rock n’roll aujourd’hui fait partie intégrante de la grande culture, c’est un fait avéré ! Bref ? « Boulevard de la mort » est un hommage aux films de série B, voir Z… des années 70 dans ce qu’ils avaient de jouissifs tant dans le sexe que dans la violence avec ce soupçon de parodie désamorçant la vulgarité et le premier degré. On pense à Russ Meyer et à ses “vixens” et autres “supervixens” quand Tarantin nous relate au début du film une virée du samedi soir de teenagers bien en chair… On dirait des pin-up sorties droit des « Playboys » des seventies : un peu grassouillettes mais bigrement sensuelles ! S’en suivent de croustillants dialogues de filles autour du sexe… c’est drôle et enlevé n’en déplaise aux chochottes ! Et surtout instructif ethnologiquement parlant ! Arrive Kurt Russel, psychopathe de charme, ce qui nous change des psychokillers gros méchants loups mais sans aucune surprise…

On baigne alors délicieusement dans une atmosphère glamour rétro quand boum, l’horreur arrive brutalement et je vous laisse la découvrir ! Second tableau : une autre série de filles, les mêmes dirait-on, mais non, celles-là, sont plus soignées, plus musclées, plus averties… (l’une porte un flingue !). Des jeunes femmes modernes avec des discussions de jeunes femmes modernes : sexe et bagnoles rapides ! Longue parlote… (le seul truc qu’on peut reprocher au film !). Enfin, scène finale avec une course-poursuite d’anthologie entre les filles et notre psycho de service qui se terminera dans le sang et la fureur…

Nos critiques bobos trouvent ça vulgaire, débile, indécent, morale du talion, etc.
A aucun moment, il ne leur traverse l’esprit que ce film est non seulement une parodie et un hommage (au point que l’image est trafiquée, salie, cassée… pour faire d’époque) à un style de cinéma populaire révolu et en même temps un film-reportage pas si con sur l’évolution de la mentalité féminine et de sa représentation. Les dialogues du film sont à ce titre instructifs parce qu’ils reflètent une réalité que nos critiques bon chic bon genres nient ! Les filles pensent au sexe et elles en parlent entre-elles de façon crue et cynique ce qui ne veut pas forcément dire qu’elles sont vulgaires…
(Elles le sont certainement moins que certaines pétasses bobo avec leur discours empoulé ! Voir dans le même registre— c’est un aparté : le site de Justine Miso et ses “discussions de copines” très édifiantes et jamais vulgaire ! justine.miso.entierement.nu/ ).

Il y a une intention dans ce film : se faire plaisir avec le mythe des belles filles et des belles bagnoles, et en filigrane, réfléchir mine de rien sur la condition de bimbo. Avec du « vintage » Tarantin fabrique donc du post moderne, que demande le peuple !?! Tarantin défend la notion de filles fortes qui ne s’en laisse pas conter, on peut vite tomber dans la caricature à ce compte, mais n’oublions pas, nous sommes dans un film clin d’œil aux séries Z, et tout cela n’est donc pas totalement à prendre au sérieux !

“Boulevard de la Mort” n’est pas un immense film, c’est tout simplement un bon film de genre plein de mérites, plein de malice, plein de seconds degrés, c’est un film expérimental par bien des aspects tant dans la forme que dans le fond, n’en déplaise à tous ces crétins de critiques qui sont la honte de leur profession par leur manque de culture et d’analyse manifeste.

Boulevard de la mort, Quentin Tarantino, un peu partout en France et ailleurs.

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