Europe, les Grandes Manœuvres

Europe, les Grandes Manœuvres

Le bref, mais vigoureux débat sur la TVA sociale a complètement occulté son objet : trouver un moyen astucieux pour remettre les produits fabriqués à l’Étranger par une main d’œuvre à bas coût au niveau de prix de ceux qui sont faits en France. Les disparités sociales entre tous les concurrents économiques depuis la quasi-disparition des droits de douane afférents aux importations continuent de poser problème, également à l’intérieur de l’espace européen, et on se souvient que ce fut la pierre d’achoppement du projet de traité constitutionnel européen rejeté par les Français le 29 mai 2005, les Néerlandais le 1er juin 2005, ce qui a entraîné la panne institutionnelle au sein de l’Union. Pour les partisans du texte incriminé, le processus d’adhésion se poursuit, 18 États l’ont d’ailleurs ratifié, le dernier à le faire est la Finlande le 5 décembre 2006. La France et les Pays-Bas déplorent le choix des électeurs et ne souhaitent pas repartir de zéro, et le nouveau chef d’État français a proposé un compromis sur un traité simplifié qu’il ne serait pas nécessaire de présenter au suffrage populaire. Une grande activité a été déployée par Nicolas Sarkozy depuis son élection à la présidence de la République en direction de ses partenaires européens, la dernière en date est la réception à l’Élysée samedi dernier du Premier ministre hollandais, Jan Peter Balkenede, où l’entretien a fait apparaître de très larges convergences de vue sur la nécessité de trouver une solution rapide au blocage des institutions européennes. Elle a été moins médiatisée que la visite du président français à son homologue polonais à Varsovie le 14 juin, où Lech Kaczynski a conclu qu’il est profondément convaincu que, les 21 et 22 juin, nous parviendrons à un compromis dans le cadre duquel tous les États seront modérément satisfaits. La chancelière allemande a remis le couvert samedi avec le chef d’État polonais au château de Mesenberg : il paraît le moins enclin à faire des concessions au Conseil européen de jeudi, mais à nouveau, Lech Kaczynski a fait preuve de bonne volonté. Après deux années d’incertitude qui ont suivi les problèmes rencontrés dans le processus de ratification du traité constitutionnel, il est clair qu’il y a maintenant une volonté générale de trouver une solution à ce dossier et d’aller de l’avant, a estimé Angela Merkel, convaincue d’y trouver une sortie de crise. On attendait dimanche un communiqué à l’issue du Conseil des Affaires générales et des Relations extérieures des ministres européens en charge du dossier à Luxembourg, mais en vain.

Pour faire affaire, ils font tout ça sans tintamarre
Tant les scrutins sur le traité les ont déçus :
Rien ne se fait depuis qu’on s’est assis dessus,
Il faut sortir de là, tout le monde en a marre !

Pour éviter deux fois de tomber dans la mare,
Ils vont aux électeurs dont ils sont tous issus
Proposer de passer sans vergogne au-dessus,
Car c’est la clef pour que l’Europe enfin démarre.

L’action commune est mise en œuvre en contrepoint
D’élections d’un grand poids qui n’ont pas fait le point
Sur un problème où très souvent, on nous promène.

Constitution : un mot peut-être un peu trop fort
Est mis sous le boisseau pour la fin de semaine,
Quel autre alors, va-t-on appeler en renfort ?

 

Bernard Kouchner et son homologue tchèque, Karel Schwarzenberg :