Lettre Ouverte au Député de Base

Lettre Ouverte au Député de Base

Toutes les prévisions attribuant peu ou prou les 4/5èmes des sièges avec plus ou moins 40% des suffrages à l’UMP à l’issue des élections législatives, l’effet démultiplicateur du scrutin majoritaire à deux tours associé à la prime au sortant fait ressurgir la question de la représentativité de l’Assemblée nationale et plusieurs voix se sont déjà élevées pour réclamer une élection à la proportionnelle. Les bancs du Palais Bourbon, tels qu’on les imagine aujourd’hui, ne devraient en effet pas illustrer la diversité des sensibilités politiques, et encore moins qu’avant. Dès lors, l’opportunité d’y voir fleurir des débats passionnants et passionnés ne devrait plus avoir lieu très souvent, l’accentuation de la bipolarisation ne permettant plus que l’expression de deux opinions, la thèse et l’antithèse. Le parti gaulliste redeviendrait le parti godillot qu’on a reproché au fondateur de la Vème République, et le Parti socialiste imposerait ses volontés à une dizaine de communistes, verts, centristes dissidents qu’il hébergerait dans son groupe parlementaire. Le spectre d’une démocratie muselée, dévoyée, n’a pas échappé à Nicolas Sarkozy, qui a décidé de recevoir après l’élection toutes les formations politiques représentées à l’Assemblée, au Sénat et au Parlement européen. Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, avait mercredi fustigé la représentation proportionnelle, mais il a vite rectifié le tir en apprenant l’évolution du point de vue du chef de l’État sur le sujet. Bon petit soldat ! Le sien illustrait pourtant bien le problème : il ne peut y avoir, d’un côté, les députés du terrain s’occupant des Français, directement responsables devant les électeurs et, de l’autre, ceux des fauteuils rouges de l’hémicycle, choisis par les appareils partisans pour figurer sur la liste des élus à la proportionnelle et investis du pouvoir de faire la loi. Pour autant, si je me réfère à mon expérience personnelle, l’alternative n’est pas aussi tranchée qu’il n’y paraît. Ainsi le cas du Dr Jacqueline Fraysse, député de la 4ème circonscription des Hauts-de-Seine, élue presque sans interruption depuis 1978 :

Qui sait vraiment à quoi ça sert, un député ?
Si sur tous les sujets, ils sont intarissables,
On se demande aussi s’ils sont indispensables
Car le palais Bourbon n’est pas très fréquenté.

Le citoyen lambda est-il représenté ?
Aujourd’hui, les élus sont plutôt responsables
Devant des formations qui sont influençables
Au gré des mouvements de foule avant l’été !

Quand j’ai prié le mien d’aider mon entreprise,
Ma lettre est demeurée à peu près incomprise
Car j’ai reçu un tract très clair, mais sans émoi.

Envieux, je ne veux pas qu’on soit opportuniste
À sens unique, alors je resterai chez moi
Pour vivre un autre échec du Parti communiste.