La forteresse digitale de Dan Brown

La forteresse digitale de Dan Brown

Décidément Dan Brown surprendra toujours. Après les controverses qu’avait suscité son roman, Da Vinci Code, et surtout son immense succès commercial, le voici qui revient en force avec Forteresse digitale.
Forteresse digitale est en vérité le premier roman qu’il ait écrit. Alors qu’est-ce qui a fait qu’en 1996, Digital Fortress avait été jugé vraie daube de l’année et remisé au fond d’un tiroir ?

Ce techno-thriller d’un réalisme hallucinant est pourtant très captivant. Seulement à la fin des années 90, le jeune monsieur Dan Brown ne fait pas le poids face à des Tom Clancy, maître du genre et d’ailleurs à l’origine du mot techno-thriller (roman d’anticipation) ou autres Robert Ludlum ou Jack Higgins. Il faut dire que son intrigue n’est pas innovante : le puissant ordinateur de décryptage de la NSA ne parvient pas à déchiffrer un nouveau code. Cela sent le réchauffé. Surtout quand la jeune, belle et brillante cryptanalyste en chef, Susan Fletcher, se retrouve prisonnière de l’agence et doit se battre pour protéger son pays et sauver sa vie ainsi que celle de l’homme qu’elle aime.

Pourtant. Pourtant on se laisse prendre et surprendre au fil des pages. Et il suffit de suivre l’actualité pour se rendre compte que Dan Brown est dans le vrai. Il y a de cela quelques jours, plusieurs personnes se sont retrouvées derrière les barreaux pour avoir fomenter en direct sur Internet, le pire des crimes qui soit : l’enlèvement et la séquestration d’une enfant afin de la torturer et d’en faire leur esclave sexuel. Or, que raconte Dan Brown dans son roman ? Il existerait quelque part une entité capable de décrypter tout ce qui s’échange sur Internet, quel que soit le cryptage utilisé. Si cela est rassurant, (les terroristes comme les criminels peuvent être repérés avant de frapper), cela peut aussi faire flipper : ne va-t-on pas lire des choses indiscrètes ? Comme la recette secrète de la tarte aux pommes de la tante Agathe ou la couleur de la petite culotte de Cindy ? Dans ce monde où nous sommes pistés dès notre première respiration, dès notre moindre geste où va s’arrêter l’espionnage ? Où commence l’indiscrétion ?

A une lointaine époque, Juvénal avait dit « Quis custodiet ipsos custodes ? » Et Dan Brown pose à nouveau cette même question : qui gardera les gardes ? Oui, qui gardera les gardes ?

Cali Rise

Forteresse digitale, Dan Brown, JC Lattès 480 pages 20,00 €
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Dominique Defert