Jean-Claude Brialy est parti rejoindre les étoiles

Jean-Claude Brialy est parti rejoindre les étoiles

L’acteur, réalisateur, conteur et écrivain Jean-Claude Brialy est mort mercredi 30 mai à son domicile parisien à 74 ans. Génial, mondain, sensible, énervant, ambigü, il avait le don d’agacer ou de séduire depuis des décennies.
On ne le croisera plus à L’Ile St Louis ou ailleurs, on ne l’entendra plus raconter ses anécdotes avec Gabin, Delon, Arletty et tous ceux qu’il a croisé dans ses vies multiples de Cinéma et d’Art.

Avec la disparition de ce grand comédien, ce grand acteur, mais aussi cet entrepreneur, réalisateur, directeur de salle et de festival, disparaît aussi un humaniste gourmand et un mémorialiste inépuisable, une sentinelle de la nuit, de la fête et de la poésie, a déclaré Nicolas Sarkozy dans un communiqué hier soir.

Né le 30 mars 1933 à Aumale en Algérie, ce fils de colonel vit son enfance au rythme des mutations paternelles.

Jean-Claude Brialy a joué au cours de plus de 40 ans de carrière dans une quarantaine de films, révélé notamment par "Le beau Serge" de Claude Chabrol, mais il était était aussi une figure du théâtre, du show business et de la vie mondaine parisienne.

Apparu pour la première fois au cinéma en 1956 dans "Elena et les hommes" de Jean Renoir, il fut notamment l’interprète de Louis Malle ("Ascenseur pour l’échafaud", 1957, "Les amants", 1958), Claude Chabrol ("Le beau Serge", 1958, mais aussi "Les cousins", 1959), François Truffaut ("Les quatre cents coups", 1959) et Eric Rohmer ("Le genou de Claire", 1970).

Réalisateur, à la télévision et pour le grand écran, il signa une dizaine de films, dont "Eglantine" (1971) et "Les volets clos" (1972).

Il avait tourné son dernier film pour la télévision en 2006, "Monsieur Max" (Gabriel Aghion). Il avait aussi écrit plusieurs livres de souvenirs à succès : "Le ruisseau des singes" (Robert Laffont, 2000) et "J’ai oublié de vous dire" en 2004 (XO éditions) qui furent des best seller.
Dans son premier livre autobiographique il avait révélé beaucoup de pudeur sa bisexalité.

Après son baccalauréat, il s’était inscrit d’abord au Conservatoire de Strasbourg puis au Centre d’art dramatique de l’Est, avant de sympathiser avec plusieurs comédiens en tournée théâtrale, dont Jean Marais, qui l’encouragent dans sa vocation.

Débarqué à Paris en 1954, il se met très vite à fréquenter "la bande des Cahiers du Cinéma". Il tourne en 1956 dans "Le Coup du berger", un court métrage de Jacques Rivette, et dans "L’Ami de la famille" de Jacques Pinoteau.

Il multiplie ensuite les apparitions, notamment dans "Ascenseur pour l’échafaud" (1957, Louis Malle), mais la célébrité arrive en 1958 avec les deux premiers films de Claude Chabrol : "Le Beau Serge" et "Les Cousins". Dès lors la Nouvelle Vague ne le lâche plus et Brialy tourne avec Jean-Luc Godard (1960, "Une femme est une femme"), François Truffaut (1967, "La Mariée était en noir") ou encore Eric Rohmer (1969, "Le Genou de Claire").

En 1971, il réalise son premier film, "Eglantine", une évocation nostalgique de ses souvenirs d’enfance. Attaché à cette période de la vie, Jean-Claude Brialy décide de mettre également en images pour la télévision "Les Malheurs de Sophie" (1981) et surtout "Un bon petit diable" (1983), avec Alice Sapritch en marâtre.

Pour ma part mon plus beau souvenir de Brialy était son rôle titre dans "Tous les garçons s’appellent Patrick" de Godard, je l’ai croisé souvent dans les rues de Paris sans oser aller lui parler.

Si j’en avais eu l’audace, je lui aurais simplement dit "Merci Monsieur Jean-Claude".