Interior’s Le Havre, la mort au travail

Interior's Le Havre, la mort au travail

Dans un communiqué, la CNT du Havre annonce la mort tragique de l’un de ses militants, Noël Michon, survenue après un malaise sur son lieu de travail. Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances du drame. Après un long bras de fer avec une direction de choc, Noël Michon fut le premier délégué syndical CNT d’Interior’s.

Le 24 mai, Noël Michon était à son travail, dans la zone « chaises » de l’entreprise havraise spécialisée dans le meuble de style anglais. Entre 15h30 et 16h30, Noël a eu un malaise. Il est tombé. Il ne se relèvera pas. Ne voyant pas leur père rentrer, ses enfants l’appelèrent sur son téléphone portable. Sans réponse, ils interpellèrent la police et les hôpitaux. Personne n’imagina l’inimaginable. Noël agonisait dans les ateliers d’Interior’s…

Deux camarades découvrirent le corps inanimé de Noël en reprenant leur travail vendredi matin, vers 8h30. Seul, gisant dans son sang, Noël avait passé la nuit dans un état comateux. Il respirait encore quand il fut conduit à l’hôpital, mais les médecins n’avaient pas beaucoup d’illusions sur l’état du malheureux. Un vaisseau avait éclaté dans le tronc cérébral. Beaucoup trop de temps s’était écoulé entre l’heure du malaise et l’arrivée des secours. Les dégâts étaient jugés irréversibles.

Noël Michon, 45 ans, est finalement mort samedi, vers 11 heures, à l’hôpital Jacques-Monod. Il laisse quatre enfants, deux filles de 7 et 12 ans et deux garçons de 18 et 21 ans.

Une réunion extraordinaire du CHSCT, en présence de l’Inspectrice du Travail chargée de l’enquête, se tiendra le 29 mai. La direction devra notamment s’expliquer sur le fait que personne n’a cherché à savoir pourquoi Noël Michon n’avait pas pointé sa sortie jeudi soir !

Dès l’annonce du drame, la CNT du Havre s’est mobilisée. Les amis du Chat noir ne lâcheront pas l’affaire. « Nous attendrons patiemment les résultats de l’enquête. Il y a eu mort d’homme et nous ferons toute la lumière sur cette tragédie. Parole d’anarcho-syndicalistes, les zones d’ombre seront éclaircies », déclarent les militants locaux. La CNT veut mettre en évidence la « faute inexcusable de l’employeur ».

« Aucun accident mortel sur le lieu de travail n’est banal, mais celui-ci nous affecte particulièrement », expliquent les cénétistes. En effet, après une très longue bataille devant divers tribunaux et sur le terrain, Noël Michon a été le premier délégué syndical CNT chez Interior’s.

Entre 2003 et 2004, la direction contestait la représentativité de la CNT en faisant flèche de tout bois. Calomnies, menaces, intimidations, pressions diverses étaient monnaie courante dans l’entreprise familiale souvent montrée en exemple dans les médias. Peine perdue pour le patronat. Le tribunal d’instance a reconnu la représentativité du syndicat et des élections professionnelles ont, depuis, définitivement démontré la légitimité des anarcho-syndicalistes. Après ces joutes très éprouvantes, Noël Michon avait été élu délégué du personnel CNT.

Faisant allusion aux couleurs de la CNT, ses amis et ses camarades, se disent « noirs de tristesse, rouges de colère ». Une révolte que je partage avec eux.

Pour en savoir plus : http://www.cnt-f.org/cnt76/

En illustration, Noël Michon avec ses camarades devant la banderole CNT Interior’s lors de la manifestation havraise du 1er mai 2004 (photo Paco).