Du porno sur nos portables !

Du porno sur nos portables !

Des vidéos pornographiques de jeunes algériens et algériennes circulent
actuellement sur des mobiles. Chaque jour, un nombre grandissant
d’internautes télécharge ces vidéos sur des blogs ou des sites Web qui
diffusent aussi des photos hards où même des mineurs jouent les premiers
rôles. D’autres encore s’échangent ses vidéos grâce au blue-tooth de leurs
portables high-tech. Ces derniers servent plus à filmer des ébats érotiques
et autres scènes choc qu’à effectuer des appels ou quoi que ce soit d’autre.
Lumière sur un phénomène de société qui prend des proportions de plus en
plus inquiétantes.

Malheureusement ce n’est pas une farce d’un très mauvais goût. C’est une
réalité que nos jeunes vivent tous les jours. Seuls les naïfs ou les
personnes de mauvaise foi prétendent ne pas connaître l’ampleur de ce
véritable phénomène de société pour ne pas dire un dangereux fléau. « Ce
n’est pas un secret pour personnes que des vidéos pornos circulent en
grosses quantités sur les portables des jeunes. Avec internet et le
blue-tooth tout est possible. Ce qui est nouveau, c’est que des jeunes se
filment entre eux alors qu’ils accomplissent des actes sexuels. Ensuite pour
la diffusion, il n’y a rien de plus facile. Un gars envoie simplement sa
vidéo par blue-tooth sur les portables de ces potes. Et voila tout. En
quelques heures, une vidéo devient largement populaire parmi les plus
branchés. » Nous confie Isaak, un étudiant qui travaille dans un cyber à la
capitale et qui ne cesse de voir débarquer dans sa boutique des jeunes
voulant télécharger le dernier cri de ces vidéos pornos. « Je peux vous
assurer que la demande est très forte. Maintenant que les portables sont de
moins en moins chers, tout le monde peut se procurer un bon Samsung, un
Nokia ou un Sony Ericsson à moindre prix et avec des options très pratiques
 : caméra, appareil photo, blue-tooth et mémoire illimitée. Quand à nous, on
télécharge sur internet des fichiers au format 3GP, fichiers spécifiques aux
portables, avec des logiciels de téléchargement qui utilisent le système
Peer to Peer. Ces logiciels sont très connus et très utilisés par les jeunes
notamment lorsque ces derniers téléchargent de la musique. Il s’agit d’Emule
ou de Bearshare surtout. Grâce à ses deux logiciels, on peut télécharger
tout ce qu’on veut. Je pense que vous savez que ce n’est pas les vidéos
pornos qui manquent sur le web. Cependant j’avoue qu’il y ait de plus en
plus de blogs d’algériennes et d’algériens à partir desquelles on peut
télécharger des clips hards. Il y a aussi des forums et des espaces de
tchatche disons libertins dont les membres s’échangent entre eux des clips
et des vidéos pornos. Mais aujourd’hui je reconnais que la tendance est
plutôt orientée vers du porno de bien de chez nous », nous explique notre
ami « cyber-man » qui passe pratiquement ses journées libres en surfant sur
les vagues des méandres du web.

« Plus besoin de Rocco Si Fridi »

« Du porno de bien de chez nous » une phrase qui ne passe pas inaperçue.
Vous en conviendrez certainement. Or, ces mots pointent du doigt un
phénomène très répandu chez nos jeunes, mineurs comme majeurs. « C’est vrai
chriki, plus besoin de Rocco Si Fridi. C’est les vidéos des fameuses « 
moutahadjibates » qui font l’amour avec leur partenaires sous tous les
angles qui font le plus de fureur chez nous. On les voit se dénuder et ôter
leur hidjab pour copuler ensuite avec des mecs chauffés à blanc. Ce sont des
filles et des mecs de chez nous qui s’exposent dans ces vidéos hards. J’ai
des potes qui me supplient pour que je transfère ces vidéos sur leurs
mobiles. C’est vous dire à quel point elles sont populaires », nous révèlent
Hamza, un jeune algérois d’à peine 18 ans qui étaye ses propos en nous
dévoilant toutes ses vidéos croustillantes dont regorge son portable.
Celles-ci sont considérées comme un véritable trésor par Hamza qui n’hésite
jamais à les montrer pour impressionner son entourage.
« Ces vidéos sont l’oeuvre de jeunes malins qui se filment en train
d’accomplir des actes érotiques. J’en connais certains qui l’ont fait. Il
diffusent ça sur internet et par blue-tooth à l’intention de leurs amis.
C’est une communauté qui ne connais aucunes règles et aucuns tabous.

Tout ce
qui est scandaleux, ils sont prêts à le prendre. Ainsi, un adepte de ces
trucs peut filmer à son aise des filles sexy qui marchent dans la rue pour
qu’il les mettent ensuite sur le Web via son blog ou d’autres sites
spécialisées. Imaginez alors ce qu’on peut faire de pire encore. Ce n’est
donc guère compliqué de filmer des scènes hards pour que les autres les
téléchargent », nous affirme Khaled. cet informaticien de 34 ans observe
l’évolution de ce phénomène avec effarement.

Des lycéens ciblés

Les témoignages ne manquent pas sur ce sujet. Des professionnels de
l’éducations- surveillants, proviseurs ou enseignants- reconnaissent
volontiers l’étendue considérable du phénomène qu’ils ont pu tout simplement
observer dans les cours de leurs établissements notamment les lycées qui
sont les plus concernés. « Un jour j’avais les larmes aux yeux lorsque j’ai
découvert qu’un élève dans ma classe me filmait et me prenait en photo avec
son portable alors que j’expliquais la leçon au tableau. Il filmait avec sa
caméra mes moindres gestes et tout mon corps en zoomant sur mes parties
intimes. C’est vraiment grave qu’un lycéen agisse de cette manière.
Aujourd’hui, je ne viens jamais enseigner avec une jupe ou un jean ni même
un body », nous apprend Razika, une jeune enseignante qui a été victime de
ces caméramans paparazzis d’un nouveau genre.
Les lycées de par leur fragilité constituent des cibles idéales pour les
amateurs du « porno-portable ». Ils en sont aussi les principaux
consommateurs. « Ils ont tous un portable et même de très beaux portables
avec connections internet et tout le reste. Moi une fois j’ai choppé
certains d’entre eux qui regardaient des clips graveleux. J’étais vraiment
choqué alors j’ai convoqué leurs parents pour leur expliquer la situation.
On ne peut pas tolérer de tels agissements. Il faut lutter contre cela »,
dit Mohamed, surveillant général dans un lycée.
Le pire c’est que dans ces vidéos, les lycéens, des mineurs rappelons nous,
occupent souvent les devants de la scène. Des tours de striptease lors
d’une soirée bien arrosées avec les copains et les copines, des séances de
fellation ou de sodomie, sont toutes des vidéos dont souvent les acteurs
sont des lycéens et qui se répandent comme une traînée de poudre sur les
portables de nos jeunes particulièrement friands de ces nouveautés !

« Quand on est adolescent, on est fragile. Alors lorsqu’on a entre les mains
des gadgets pareils, on les utilise volontiers pour se défouler. Je serais
honnête avec vous et je vous dirais que moi-même j’ai filmé avec mon
portable ma copine lorsqu’elle me faisait une fellation. J’ai fait le con en
voulant frimer et j’ai montré la scène à ma clique. Mais quelques jours
après, je retrouve la vidéo dans les portables de tout le lycée. La fille a
été traumatisée, ses parents ont eu vent de l’affaire et c’était la cata.
J’ai été renvoyé du lycée et je suis devenu le Satan incarné. Je vous
épargne le reste de l’histoire. J’ai fichu en l’air ma vie et celle de la
fille qui était amoureuse de moi. J’espère que ce qui m’est arrivé servira
de leçon à ces fous qui continuent à faire ce que j’ai fait. », témoigne
Mustapha, un infortuné qui ne tient pas à en dire plus sur son histoire vu
les conséquences auxquelles il était exposé.

Quelles solutions ?

Comment peut-on venir à bout de ce phénomène ? La question s’impose
d’elle-même. « C’est une mode dangereuse, on avait avant seulement les
fameux sketchs qu’on écoutait sur nos portables. Des sketchs dans lesquels
des voix imitent des personnages politiques en les ridiculisant. Même le
président de la République en a pris pour sa gueule. Et aujourd’hui ce sont
ces clips et vidéos pornos qui font tabac. Moi je pense que c’est une
révolte contre la société de la part de nos jeunes qui cherchent à créer des
espaces de libertés où ils puissent s’exprimer. Malheureusement, ça dégénère
et je vois pas comment on pourrait arrêter cela », nous annonce Réda, un
étudiant à Bab Ezzouar.

« Des vidéos sur les cabarets, les bars et les
prostitués, rien ne peut échapper au bon oeil de nos portables. Je me sens
vraiment puissant en filmant ce que personne ne peut filmer dans notre pays.
Je comprends qu’on dérange l’ordre et la morale, c’est d’ailleurs ce qu’on
recherche en réalité », nous fait savoir de son côté le jeune Imad, un
branché convaincu de tout ce qui est in dans ce domaine. Une dernière
interrogation s’impose à notre esprit : Le « porno-portable » est-il une
forme de contre-culture ou une révolte juvénile contre une société qui peine
à s’ouvrir aux aspirations de sa jeunesse ?

Libre à celui qui veut fournir
un élément de réponse. En attendant méfiez vous de ces fichus portables