Avec Bernard Kouchner, la Justice au Chevet du Liban

Avec Bernard Kouchner, la Justice au Chevet du Liban

Le premier voyage officiel du nouveau ministre des Affaires étrangères du nouveau gouvernement n’a pas été pour Bogota, en Colombie, où de sombres manœuvres sont engagées pour décourager toute opportunité de libération d’Ingrid Betancourt, mais pour Beyrouth, au Liban, où Bernard Kouchner s’est déjà rendu en tant que médecin durant la guerre civile, puis comme secrétaire d’État à l’Action humanitaire en 1989. Au cours de son déplacement, il a rencontré le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, en butte à une opposition larvée du voisin syrien, toujours réticent à mettre au clair l’affaire de l’assassinat de Rafik Hariri en février 2005. Il est venu exprimer la solidarité et l’attachement de la France au Liban dans cette période difficile que vit le Liban, mais surtout condamner au nom de la France les attentats qui maintenant, chaque jour, viennent frapper toutes les populations, tous les groupes religieux. De fait, il s’agit bel et bien de reprendre le flambeau du président Chirac en ce qui concerne la mise en place d’un tribunal pénal international dont l’objet est de faire toute la lumière sur l’attentat dont l’ancien Premier ministre libanais, ami personnel de Jacques Chirac, a été la victime. Ne comptez pas sur la communauté internationale et en tout cas pas sur la France pour renoncer à cela, n’a pas manqué de rappeler le chef de la diplomatie française à ses interlocuteurs. La crise ouverte par ce projet judiciaire a plongé le pays dans la paralysie institutionnelle depuis 7 mois. Au moins 69 personnes, dont 30 soldats et 19 civils palestiniens, ont été tués depuis vendredi dernier dans les combats, et des milliers de civils ont fui le camp de Nahr al-Bared, près de Tripoli, et de nombreux acteurs de la scène libanaise ont le sentiment que les attentats vont s’intensifier. Ce fut l’occasion pour Bernard Kouchner de rappeler que nous comprenons la détermination du gouvernement légitime de rétablir l’ordre sur le territoire, tout en restant attentif au sort des populations civiles

Le conflit s’envenime et de nouveaux combats
Font rage… Au reste, on ne voit plus d’alternative
Sur la terre où la trêve est toujours relative ;
Pourquoi ce bon docteur est-il allé là-bas ?

Pour les blessés qu’on voit gésir sur des grabats ?
Non pas ! Point n’est besoin d’une oreille attentive
Pour souffrir les malheurs de la nation captive :
Il vient pour ranimer le cœur d’anciens débats.

Comme il n’a pas prévu de projet d’armistice,
Il est allé plaider en vain pour la justice !
Laissons les morts là où ils sont : dans leur enfer,

Ils ne sont plus à plaindre, au frais, dans la pinède
On ne les verra plus jamais croiser le fer,
Mais les vivants, en solde, ont plus besoin d’une aide.