Cannes underground : Interview de Pascal Pistone

Cannes underground : Interview de Pascal Pistone

SCOOP : Pascal Pistone, ne sera toujours pas à Cannes cette année !

Réalisateur marginal aux antipodes du « système » , il doit sortir son second long métrage prochainement. Personnalité riche, il se « réalise » aussi dans plusieurs autres domaines avec une conscience réflexive apte à faire imposer l’ensemble de son œuvre comme un tout cohérent.

Une somme qui aboutit à une conception de la société faisant de lui un visionnaire.

Une riche formation

Ce réalisateur de films est aussi Maître de conférence à Bordeaux 3 en musicologie, spécialiste de la musique contemporaine, chef d’orchestre, compositeur, pianiste arrangeur, accompagnateur de chansonniers, de films muets, créateur de théâtre musical contemporain .

De plus, sa construction émotionnelle s’est principalement nourrie de compositeurs de la seconde moitié du 20e siècle : Karlheinz Stockhausen, Tristan Murail, John Cage, Witold Lutoslawski, György Ligeti.

Ses films

Le premier film de Pascal Pistone “ Theatrum Mundi, ou l’insoutenable vérité ” se présente comme une sorte d’introspection influencée par le cinéma de Jean Cocteau ou David Lynch. Il comporte aussi des accents à la Claude Lelouch, réalisateur souvent contesté en France, et que Pascal Pistone n’hésite pas à revendiquer.

Notre créateur est maître - et chantre - de l’improvisation qui n’exclue pas l’écriture comme prémisse, dans une direction d’acteurs qui est ainsi très souple. Il se dit aussi passionné par les films d’Arthur Joffré, Woody Allen, Jean-Pierre Genet, Nani Moretti, Roberto Begnini et surtout Federico Fellini.

Dans cette optique, les scènes sont très préparées, très écrites. En revanche, beaucoup de modifications jaillissent en cours de tournage, qui induisent souvent une mutation de la scène. Comme un écho des fluctuations d’un Stanislavski dans une vie consacrée au théâtre, ici ramenées à un epsilon de temps.

Il s’exprime donc dans un immédiat reconstruit . Parallèlement il recherche aussi dans sa vie des moments qu’il voudrait nous faire partager par le véhicule de sa propre spontanéité ; une madeleine de Proust non narrée mais émergente, naissance espérée de l’écriture ; plutôt de l’acte d’écriture filmique improvisée.

Un second film va bientôt sortir comme suite du premier, également consacré à une mise en abîme permanente de la réalité quotidienne.

Son théâtre musical contemporain

Rappelons que ce genre peu médiatisé est un art du spectacle rassembleur ; il interpelle le happening par son caractère parfois interactif et improvisé et il flirte avec la comédie musicale dont il retient l’aspect pluridisciplinaire.

Pascal Pistone se coule dans ce type de théâtre avec une démarche propre ; en dehors de préoccupations scénaristes ou narratives. Dans cette optique il a composé et produit une quinzaine de spectacles. Il dirige aussi ce type de performance à l’université.

Il hisse l’artiste participant vers un nouveau regard actif sur lui-même ; il est ici un véritable « accoucheur » de l’art dans une démarche valorisante qui tend à l’universel. De cette manière chaque artiste est ici sollicité dans la pluridisciplinarité qui l’habite, qui doit sans doute être en nous tous.

Une sorte de mission de confiance dans une improvisation sollicitée mais vitale , au sein d’ une réflexion sur son propre art concomitante et nécessaire . Elle l’engage à se dépasser dans l’instant par son geste créatif .

Toujours au service de la musique, centre du spectacle, il échafaude un spectacle total sur le plan des moyens ; ici il peut donner encore plus de liberté à tous les participants car le public est l’un d’eux, qu’il prend convivialement en otage.

Le tout se déroulant - on l’a vu - dans l’interactivité, à la frontière de la réalité et de la fiction, dans une « mise en abîme » foisonnante et fructueuse ; une sorte de conscience réfléchie du spectacle vu comme un tout structurel ou organique évolutif.

Son univers : les poupées russes

Pascal Pistone voit notre univers existant comme un récit écrit par un auteur situé dans une autre dimension. Les avatars de nos sociétés seraient des corrections multiples que ce démiurge apporte à son œuvre .

Cependant ce créateur lui-même serait né à son tour de l’œuvre d’un autre, situé dans une nouvelle dimension créative .

Nous même quand nous créons , nous engendrerions de nouveaux univers.

Et ainsi de suite dans les deux sens ; des poupées russes-univers à l’infini.

VOTEZ PETER PAN ! Un théoricien de la société qui prend sa source dans l’art !

Pascal Pistone, s’interroge sur les travailleurs. Il propose de revenir à l’essentiel : les conditions de travail. Il met en exergue la rotation des tâches dans l’entreprise, donnant un regain d’insertion à l’activité des travailleurs sur le modèle des pays scandinaves. Ainsi tout le monde est gagnant car la productivité augmente.

Dès lors fini la semaine de 35 h ; comme l’ont déjà dit certains intellectuels . Et plus : préparons la semaine de 10h et existons dans la créativité, l’épanouissement dans une société où les robots seront à terme les seuls travailleurs.

En complément Pascal Pistone érige l’enseignement en art de vivre ; chacun devrait devenir tour à tour enseignant et élève. Encore une vue dialectique ; voir naître une société d’échange constant de tous nos points forts, se transmettre dans une orgie de la connaissance de l’homme à l’homme.

(NDLR : le nivellement par le bas avec pour chantre la TV peut-il être ?

Après les montres molles de Dali, les foules molles ?

L’avènement . du « meilleur des mondes » pourrait arriver - il est déjà là - avec la standardisation, mondialisation etc., avec pour fruit la robotisation des masses calmes qui l’accompagne.

Ce n’est pas pour rien que nos étudiants en lettres et arts sont les plus “ activistes ”

Et ça vaut aussi pour Le Mague ; attention Vignale « l’agitateur culturé » ; on se calme ! Créatifs soyez lobotomisés, vitrifiés ! créatifs vous êtes dangereux ! )

Mais notre ami précise : seule la culture peut sauver le monde, la créativité régler les problèmes de délinquance ; il l’exprime clairement :

"La délinquance chez les jeunes est parfois aussi liée à une soif de créer, de se réaliser dans un acte personnel et hors norme (parce que hors-la-loi). Ce n’est pas insensé de penser que la démission actuelle de l’Ecole dans le développement de la créativité chez les enfants peut parfois inciter certains adolescents, frustrés de ne pouvoir imposer leur marque, à se réaliser autrement. "

Pascal Pistone, alors jeune agrégé, a été prof de musique au collège en Seine Saint Denis, dans différentes ZEP (zones sensibles), et il a pu expérimenter ces lois humaines pendant plusieurs années sur le terrain