L’ange de mon démon, Ridan

L'ange de mon démon, Ridan

Fin 2005, j’assistais à un concert d’Alexis HK et je découvrais Ridan.
Ridan ??? C’est le jeune chanteur qui a obtenu, ex aequo avec Daniel Darc, les Victoires 2005 pour l’album révélation de l’année. Ah oui !!! Et ces spectateurs qui lèvent le poing et scandent avec lui un slogan contre un homme politique d’extréme droite, c’est quoi ? Je suis où, là ? A un concert ou un meeting politique ?

Et Ridan s’est mis à chanter. Et je suis tombée sous le charme. Parce que Ridan, c’est un ange, pas un démon.

A l’endroit, c’est Nadir. A l’envers, c’est Ridan. Un ange démoniaque ? Un démon angélique ? Qu’importe ! Un relent de guitare à la Brassens, une ritournelle toute simple chantée par des gamins, des sirènes de pompiers derrière un poème de Joachim Du Bellay, des constatations rudes et vraies, un soleil bleu, du reggae, du ska, du rap… L’ange de mon démon de Ridan, c’est tout cela.

Des constats amers, Ridan en fait et oh combien ! Entre « Alerte à la bombe » où il raconte « qu’ils ont mis au point leur bombe nucléaire, pour se partager les hommes et les enfers » et « Objectif terre » où les enfants chantent gaiement «  Elle pleure, elle pleure, elle pleure ma planète », entre « Rentre chez toi » où il chante sur une guitare énervée « j’ai pas trouvé les mots pour devenir quelqu’un de bien, j’ai volé un dico, pour bien causer la France… j’aurais pu être blanc, j’aurais pu être noir, j’aurais pu être ce qu’on veut de toute manière ici c’est chez moi ! » et « 60 millions d’amis » où, avec un rythme ska, il chante « Quelle chance… d’habiter la France. Si tu savais ce que je pense de l’égalité des chances. » D’un coup, j’ai froid.

Où est l’amour dans ce deuxième album ? Où sont les miauleries habituelles dont tous les autres nous rabattent les oreilles ? Et si la patte de Ridan, c’était justement de montrer du doigt ce que les autres semblent ignorer royalement ? Si son message, c’était un message de paix façon « Soleil bleu », « L’amour, la paix, le soleil bleu, les seuls plaisirs qu’il y a dans vos yeux » ou « Ulysse », « Nos vies sont qu’une guerre où il ne tient qu’à nous de se soucier de nos sorts, de trouver le bon choix… » Et si Ridan, finalement, aimait quand même ce monde imparfait ? « Mais je l’aime la vie, ses couleurs, ses fruits interdits… » (« On l’aime quand même »). D’un coup, j’ai chaud au cœur.

Ridan, mi-sombre, mi-lumière. Yin, yang. Sa parole frappe, sa musique caresse. Ridan est le funambule de la chanson française, juste en équilibre sur le filin de la vie.

L’ange de mon démon, Ridan, Jive Epic, Sony BMG

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