Jean Daniel à Alger : l’esprit camusien plus que jamais d’actualité…

Jean Daniel à Alger : l'esprit camusien plus que jamais d'actualité…

Le rédacteur en chef du Nouvel observateur a présenté dimanche dernier à la bibliothèque nationale d’Algérie (BNA) son dernier ouvrage intitulé Avec Camus : Comment résister à l’air du temps. Dans sa conférence, Jean Daniel a retracé l‘extraordinaire parcours de l’écrivain Albert Camus, qui est resté, a-t-il dit, "profondément algérien". A ce sujet, il ajoutera que "ce n’est pas la date d’arrivée qui détermine exclusivement l’appartenance à un pays". Pour Jean Daniel, "en ces temps de difficultés à vivre", Albert Camus ressurgit, plus que jamais, par son message et son héritage. "Si Camus ressurgit, c’est en fonction de l’actualité qui lui est propre", a-t-il encore indiqué.

En faisant le parallèle entre Albert Camus et Assia Djabbar, qui est membre de l’Académie de la langue française, Jean Daniel a estimé que "ces deux écrivains se ressemblent, dans le fait que les personnages des romans de Djebbar ne sont pas français et que, ceux de Camus ne sont pas musulmans, à une seule exception, où le seul personnage de Camus a brillé par sa disparition".

En rappelant l’enfance de Camus, l’animateur de la conférence a soutenu que "Camus a vécu une enfance à la limite de la misère" et que "sa mère, veuve de guerre était sourde". Mais malgré cela, cette pauvreté ne l’a jamais empêché de représenter le colonialisme", a-t-il déclaré, arguant par les reportages décrivant la misère, qu’il a effectué en Kabylie et publiés par le journal "Alger Républicain".

Pour mieux cerner encore la pensée "camusienne", Jean Daniel a relaté la discussion qu’il a eue avec l’écrivain, lorsqu’il a rencontré pour la première fois, quand il l’a interrogé sur le fait qu’il avait accompagné "la résistance contre l’occupant nazi et sa condamnation de la bombe larguée sur la ville japonaise d’Hiroshima"

"A cette époque, un seul homme dans le monde occidental a osé dénoncer la bombe d’Hiroshima", a souligné encore Jean Daniel tout en ajoutant que "Camus avait rétorqué, en saluant le bruit suscité par sa position".

Sur ce chapitre, le conférencier à rappelé la définition de Camus de l’intellectuel, qui, est pour l’écrivain, a-t-il précisé, celui "qui sait résister à l’ère du temps". "Cette attitude m’a guidé dans ma position durant la guerre d’Algérie, dans le conflit israélo-palestinien et je l’ai suggéré même à celui qui me l’a suggérée", a poursuivi le rédacteur en chef du Nouvel observateur.

Signalons par ailleurs que dans son rappel du parcours de l’écrivain, le conférencier a rappelé également l’impact des massacres de Guelma, Sétif et Kherrata sur Camus, soutenant que "ces événements ont poussé Camus à admettre que l’Algérie française est finie".

Quant à la position de Camus vis-à-vis de la guerre de libération nationale, le conférencier à rappelé le contexte où Camus avait tenu les propos qui lui ont valus, a-t-il dit, que "certains algériens refusent à se le réapproprier". Rappelons que c’est à Stockholm, lorsqu’il recevait le prix Nobel, que Camus a déclaré qu’entre "la justice et ma mère, je choisis ma mère". Cette profession de foi qui suscite toujours des polémiques en Algérie n’a jamais pu, néanmoins, éclipser la grandeur et la noblesse du génie camusien car, finalement, au-delà de toutes ces causeries politico-idéologiques, la lumière de l’oeuvre de camus continuera à jaillir de son verbe pour nous éclairer dans ces temps obscurs…