Amoureux des musiques des années 40 ou 50, les Pink Martini parcourent le monde à la recherche des trésors oubliés créant parfois du neuf avec du vieux. C’est toujours un plaisir de glisser leur nouveau CD dans la platine. Comme si on déballait un bonbon au parfum rare avant de le mettre en bouche d’une mine gourmande.
China, avec sa voix de diva (un peu normal pour une fille qui chantait le soir des arias de Verdi ou de Puccini à Harvard, accompagnée au piano par Thomas), passe d’une chanson à l’autre, d’une langue à l’autre, avec un réel bonheur et une perfection rarement égalée. Comment ne pas être en totale apesanteur quand on l’entend reprendre « Syracuse », s’appropriant totalement, avec sa délicieuse pointe d’accent, le titre créé par Henri Salvador ? Ou quand elle chaloupe sensuellement sur le cha cha cha « Ojala », lui aussi entièrement interprété en français ?
A noter que, pour la première fois sur un de leurs albums, un titre est chanté en arabe : « Bukra wba’do », une façon pour le groupe de faire un pied de nez à Georges Bush père ; Maya Forbes, la sœur de China, a participé à l’écriture du titre latino-russe « Dosvedanya mio bombino » ; le percussionniste péruvien Martin Zarzar met le feu sur « Mar desconocido » ; le bassiste Phil Baker ajoute à la beauté du duo « Cante e dance » ; « Taya tan » (ancien standard japonais) est pour le moins époustouflant ; « Hey Eugene », écrit par China Forbes, est résolument pop, énergique et possède des chœurs gospel.
Mentions spéciales à la sexy « City of night » (Forbes/ Lauderdale) et à la reprise de « Tea for two » en duo avec Jimmy Scott.
Hey Eugène !, troisième opus de Pink Martini mais premier album produit par Thomas et China, est véritablement un petit bijou d’exubérance musicale à trimballer partout avec soi. Du vrai travail d’orfèvres ! Un véritable dépaysement ! Une oasis de bonheur !
Hey Eugène !, Pink Martini, Naïve