C’est bien Fait pour nos Pieds

C'est bien Fait pour nos Pieds

Ces nids à poussière qu’on expose au regard d’un public dubitatif ne sont pas seulement destinés à masquer la muraille des salons d’apparat de la République. À partir de samedi, la Galerie des Gobelins rouvre après 35 ans de fermeture afin de perpétuer le souvenir du savoir-faire des ouvriers français autant que du génie des artistes soucieux d’exécuter avec faste les commandes royales, puis du Mobilier national pour le confort de nos dirigeants et la plus grande gloire de la France. Ainsi au tapis persan, opposa-t-on la tapisserie du quartier Saint-Marcel où se rassemblent à partir de 1601 des lissiers venus de Flandres sous l’impulsion de Barthélemy de Laffemas, conseiller du Roy et contrôleur général du Commerce. D’abord fameuse en raison de ses teintures, et plus particulièrement le rouge de Bièvre, la tapisserie assure ensuite sa renommée de ses tissages, grâce aux témoignages de son prestige que cherche à donner la monarchie des Valois remise en selle avec Henri IV, puis des Bourbon. C’est en 1662 que les ateliers deviennent la manufacture des Gobelins, avec la volonté de Colbert de rationaliser les commandes publiques et d’organiser un embryon d’industrie. Il en confie la direction au 1er peintre du roi, Charles Le Brun deux ans plus tard. Ainsi, et bien avant que l’on ait l’idée de déposer des marques, les Gobelins s’imposèrent de part le monde avec un style particulier, qu’il sera dorénavant possible à l’homme de la rue d’évaluer, d’étudier, de considérer tous les jours sauf le lundi, de 12h30 à 18h30, à la galerie, 42 avenue des Gobelins, Paris XIIIème. C’était bien sûr avant le grand bazar de Saint-Maclou…

Mil six cent sept fonde un exploit de l’art français,
Quand le bon roi Henri résiste à la fracture,
Grand bris d’un corps social qui part à l’aventure,
Cherchant par l’industrie à en combler l’excès :

L’État commande ainsi bien après son décès
Tapis, trésors du gîte à la manufacture,
Et montre aussi partout le beau dans la tenture
Que depuis, la déco s’invite à son succès.

Grâce au cheval-vapeur, on donne à la machine
Tout ce pourquoi jadis il fallait qu’on s’échine,
Mais ce n’est pas pour ça qu’on n’a plus de boulot !

Ça, c’est bien beau, car il vaut mieux être égotiste
pour maintenant survivre et puis sortir du lot
Lorsqu’on doit exalter par force un goût d’artiste.