Paris - Venise dans un wagon couchette qui, comme le nom de la pièce l’indique, va révéler bien des surprises. Trois archétypes très complémentaires s’affrontent. Nous sommes dans la quintessence du trio. Les duos et les couples se forment et se déforment tout au long du voyage et affrontent celui qui reste sur le carreau.

Prises de pouvoir, jeux de séduction, enquêtes intimes, révélations, coups de théâtre, tous les ingrédients sont réunis pour qu’on ne s’ennuie pas de ce voyage où les personnages sont dans une grande promiscuité et proximité physique.

D’abord il y a Gisèle, la première à entrer dans le train qui promet fantasmatiquement l’Amour puisqu’on va à Venise. Cette bourgeoise élégante et un peu coincée d’apparence, à qui on donnerait le bon dieu sans confession, part pour une drôle de destination à la recherche de l’amour filiale puisqu’elle espère adopter un enfant dans un odieux trafic.

Arrive ensuite l’espagnol Franco, un géant bourru, misogyne, râleur à l’air louche qui s’avère être un tendre voyou brisé par l’existence et se révélera au fur et à mesure des étapes.

Pour finir nous faisons la connaissance de Flore, une fille de banlieue fine comme du gros sel qui doit aimer Diam’s et porte un look cagolle assez dépareillé. Cette célibataire mal dans sa peau, traîne quelques kilogrammes de trop, a perdu un peu de sa féminité et semble résignée, définitivement déçue par l’Amour.

Ces individus que tout oppose vont s’aimer, se haïr, s’intéresser et faire front commun dans une histoire assez délirante et attractive, écrite au millimètre dans une belle énergie communicative.

On rit, on pleure de rire même dans ce huis clos moderne à la recherche de l’amour d’un enfant ou d’un mari qui permet une réflexion philosophico-sociétale sur les hommes, l’incompréhension entre les êtres, les opposés qui s’attirent et la formidable diversité des caractères qui peut être un moteur de vie.

Pour sa première pièce comique, Emilie Wawerla fait montre de belles qualités d’écriture, d’un vrai sens du dialogue, de la chute et de l’invention. On sent la culture télé des trentenaires et celle du Boulevard, "Couchette Surprise" apporte un vin de vigueur à la scène parisienne sur un rythme tonitruant.

Les trois acteurs sont formidablement campés et joués. La mise en scène est efficace. Fani Carenco offre une élégance et une beauté lumineuse à son rôle qui fait un peu penser au personnage de Coco Chanel, Fabio Avon est parfait en gentil voyou attachant et Emilie Wawerla s’offre un rôle sur mesure féminin/masculin faussement naïve, à la foi brute de décoffrage et délicieusement sexy et séductrice quand elle veut.

Y’a pas à dire voyager en compagnie de ces trois-là offre un joyeux dépaysement !

A voir absolument, itinéraire ferroviaire 4 étoiles.

Couchette surprise. Une pièce de Emilie Wawerla. Avec Fabio Avon, Fani Carenco et Emilie Wawerla. Théâtre de la providence à Paris (Métro Belleville), tous les Mercredis à 20 H 15.