Apologie de l’échec

Apologie de l'échec

Bien moins rigide qu’un classique dictionnaire, bien moins encombrant qu’une traditionnelle encyclopédie, on se délecte de cette drôle "Apologie de l’échec", exquis recueil des plus mémorables ratages, bides, fiascos, insuccès et autres catastrophes.

Le pire du pire qui nous a été donné de voir, d’écouter ou de lire. Ces purs "bides en barres" auxquels nous avons assisté, avec de légers sourires, voire des rires sincères et bien désolés, quoique.

Le bide est d’autant plus tristement sympathique qu’il est souvent proportionnel aux moyens mis en oeuvre, aux énergies déployées.

A la veille d’une nouvelle ère politique, qui ne se souvient pas du choix malheureux de l’actuel candidat Nicolas Sarkozy qui, en 1995, s’engagea auprès d’un Edouard Balladur sorti au premier tour des présidentielles ? Premier et dernier échec du chef de file de l’UMP, mais quel claque tout de même !

Dans la catégorie des échecs commerciaux, on n’oublie pas les brasses de Kevin Costner en homme poisson du Waterworld, qui ne sortit jamais le tête de l’eau. Un des plus grands bides de l’histoire du cinéma américain, la dernière production d’Oliver Stone, Alexandre, avec plus de 155 millions de budget pour "seulement" 34 millions de recettes.

Les acteurs-chanteurs, chanteurs-acteurs, acteurs-réalisateurs, etc, ne sont pas en reste côté erreur d’aiguillage ! Ils ont tenté l’expérience une seule et unique fois : Francis Huster, Gainsbourg ou encore Bernard-Henry Lévy réalisateurs, Sophie Marceau, Naomi Campbell au micro, Madonna actrice...et bien d’autres encore.

On découvre ou redécouvre ceux qui sont passés à côté, avec plus ou moins de réussite. Le bide inutile, le bide prévisible, le bide injuste du mauvais timing simplement ; le tout accompagné des plus grands ratages financiers, architecturaux, politiques, télévisuels.

Et enfin, le fin du fin, l’échec devenu culte, celui qui a le mérite d’entrer doublement dans l’histoire. La Dame (de Shanghaï) d’Orson Welles, The Rocky Horror Picture Show, Brazil, Le Voyage (au bout de la nuit) de Céline...

Apologie de l’échec nous rappelle des épisodes drôles, pathétiques, cinglants qui, pour certains, avaient même sombrés dans les oubliettes des archives de l’INA, jusqu’à aujourd’hui.

Le bide rend sympa, humain, plus accessible. Il oblige à l’humilité, rabaisse les fiertés mal placées, rend plus doux encore le succès. L’échec, un mal nécessaire ? Sûrement. Mais encore faut il savoir s’en relever. C’est le mérite des grands. Les petits se ramassent à la pelle.

Apologie de l’échec - Bides, flops et désillusions, Mathieu Alterman. SCALI, 24 euros, 250 pages.

Apologie de l’échec - Bides, flops et désillusions, Mathieu Alterman. SCALI, 24 euros, 250 pages.