Vieillir en Occident ?

Vieillir en Occident ?

La France est un Etat considéré par tous comme un pays développé, aseptisé.
Je pose la question aujourd’hui au peuple développé que nous sommes « est-ce que l’un de vous s’est aperçu que l’on avait perdu sur le chemin de l’évolution, presque toutes nos valeurs ? »

J’ai vécu mon enfance sans surcharge de clichés, sans peur de l’autre ni du lendemain, l’adage étant celui-ci « à chaque jour suffit sa peine » ou encore « le lendemain sait prendre soin de lui-même »
Dès l’enfance, là où l’évolution et le progrès technique ont oublié de paraître, on est préparer à vieillir.

On ne parle pas de la maison telle qu’on la conçoit en occident, mais plutôt de concession familiale. Lieu de prédilection au rassemblement des générations.

Véritable source de savoir à domicile, télé réalité bien ficelé, on bichonne ses vieux, la connaissance est sans prix, au propre comme au figuré.
Dans cette ambiance surchargée d’histoire, l’enfant voit son devenir très clairement. De plus, il n’a pas qu’un modèle unique. Plusieurs possibilités s’offrent à lui. En effet, on sait que très souvent il y a deux lignées, celle du père et celle de la mère qui cohabitent au milieu d’un brouhaha d’amour et de dispute. L’enfant sous-développé va grandir en sachant que vieillir est une grâce.

En France, la mode est au refus de vieillir. Le vieux fait peur, c’est une malchance.
Le vieux porte en lui la maladie contagieuse de la mort, un peu comme la lèpre.

La lèpre est une horrible maladie qui sépare les personnes, même les plus intimes.
A une époque très lointaine, quand une personne avait la lèpre, elle devait quitter sa famille, sa maison, sa ville, pour s’isoler et mourir loin de tout.

La vieillesse dans les pays développés ressemble à la lèpre, on isole le vieux qui meurt loin de tout et de tous, enfermé dans son chagrin.
Ouf ! On a évité la contagion.

Le vieux en France a la lèpre, il faut absolument le placer avec ses semblables afin d’éviter toute contamination.
Je vois les personnes vieillissantes qui persistent à croire qu’elles sont toujours jeunes. Elles brandissent des slogans du style la jeunesse est dans le cœur. Certes, il ne faut pas devenir ringard sous prétexte qu’on a vieilli.

Quand je lis la bible, j’apprends que les cheveux blancs sont une couronne d’honneur et que le mépris des vieillards est le signe d’une société dégénérée.
Vieillir est une grâce, pourtant, une chance si l’on peut dire, qui n’est pas donné à tous.

Les orientaux et les africains respectent les personnes âgées et pensent que de grandes bénédictions sont liées à la vieillesse.
Ne dis t-on pas dans ces sociétés primitives qu’une longue vie permet d’affiner son intelligence ?
Vieillir n’est pas une tare, les rides et les cheveux blancs ne sont pas le signe d’une maladie incurable, c’est notre capacité à suivre le temps qui fait la différence.

J’ai rencontré une femme de 96 ans qui faisait ses courses, tirant son caddie et marchant d’un pas tranquille. Elle prenait tout son temps, elle l’avait il faut dire.

Je lui ai parlé, je voulais savoir comment elle appréhendait la vie, comment elle vivait son grand âge. Pour cette dame, chaque jour est une bénédiction, elle le prenait comme telle et donc en appréciait chaque instant sans état d’âme.

Elle m’a dit que lorsqu’elle ouvrait les yeux le matin, la première chose qu’elle faisait c’était de remercier Dieu de lui permettre de vivre une nouvelle journée et de lui accorder vie et santé.

Cette femme remettait chaque chose à sa place et ne s’embarrassait pas de charges inutiles, c’est ainsi que son cœur s’en trouvait allégé (au propre comme au figuré) et du même coup sa santé aussi.

En Afrique et en Orient, les vieux savent prendre la vie du bon côté, ils apprécient la longueur de leur vie, ils sont heureux de voir leur succession, heureux d’être comparé à une bibliothèque, heureux d’être les témoins du passé.

Pourquoi donc l’occident rejette t’elle ses vieillards ? Pourquoi détourne t-on nos regards d’un vieux, comme s’il représentait l’obsédante image de notre déchéance et non notre devenir le plus heureux ?
L’occident à peur de vieillir et le vieillard déteste la jeunesse car semble t-il, elle leur rappelle leur incapacité à arrêter le temps. Pourquoi toujours parler de conflit de générations alors qu’il pourrait simplement s’agir de dialogue entre les générations.

Avoir eu deux grand-mères et un grand-père a équilibré ma vie. Je trouvais merveilleux la complicité que j’entretenais avec chacun d’eux. Nos relations n’étaient pas sans intérêt, on pouvait se disputer, ne plus se parler un temps (jamais très long), puis rigoler.

J’étais très curieuse de leur vie, je voulais toujours savoir s’ils avaient connu telle ou telle situation. Le fait d’avoir mes grands parents à proximité, je me sentais super intelligente car je pensais être aux premières loges pour un scoop, un détail sur l’histoire que les livres ne pouvait pas révéler.

Vieillir est une grâce.

Prenons soin de nos aïeuls pour que nous vivions une jeunesse équilibrée afin de devenir à notre tour de super vieux.