Pour préparer le second tour, on a rangé l’identité nationale dans les annales de campagne et les drapeaux tricolores ont été décrochés des fenêtres : on passe aux choses sérieuses, c’est-à-dire la conversion d’un électeur sur cinq absurdement égaré dans l’hérésie centriste. Si les âmes simples se sont indignées de l’usage électoral des valeurs fondamentales de la République française, d’autres n’ont pas eu le temps de s’en émouvoir, occupées qu’elles étaient à préparer le terrain du nouvel ordre mondial. Si Nicolas Sarkozy s’est référé le 17 avril aux fondamentaux du gaullisme en affirmant : le marché est très compétent sur le court terme, mais il est aveugle sur le long terme, il reste néanmoins le candidat de la Bourse. D’ailleurs, la vie continue comme si de rien n’était dans les salles des marchés, comme le confirme l’annonce de l’acquisition lundi de la banque hollandaise ABN Amro par Barclays, qui devrait aboutir à 23.600 suppressions d’emploi, dont 10.800 en délocalisations. Cette opération marque, selon les experts, le lancement d’un vaste mouvement de concentration dans la banque de dépôt européenne, activité traditionnellement nationale. Depuis la semaine dernière, l’Espagnol Sacyr Vallehermoso se démène encore pour prendre le contrôle total d’Eiffage, le n°3 français du BTP, mais son offre est toujours inférieure au cours de référence. L’héritier franco-espagnol des manufactures de tabac Altadis fait également front pour ne pas céder aux revendications d’Imperial Tobacco, et songe à se séparer d’actifs non stratégiques afin de renforcer sa trésorerie, une idée qui laisse les observateurs perplexes. Pendant ce temps, que fait le chantre du patriotisme économique ? Il fait ses cartons.