"Windows on the world", Prière de ne pas consommer ce livre !

Frédéric Beigbeder invente le premier roman périmé !

« Le seul moyen de savoir ce qui s’est passé dans le restaurant situé au 107e étage de la Tour Nord du World Trade Center, le 11 septembre 2001, entre 8 h 30 et 10 h 29, c’est de l’inventer. » FB

Les libraires l’ont déjà bien senti. Ils n’ont pas commandé en masse le dernier livre de l’écrivain éditeur qui se paye le luxe de publier chez Grasset et d’éditer chez Flammarion. On appelle cela « avoir le cul entre deux chaises » dans le langage populaire. Cet état de fait a pour conséquence un positionnement d’auteur assez ambigu. Que cherche désormais Beigbeder sinon à retrouver des sensations à jamais perdues de l’époque de son fameux 99 francs (ce livre-coups qui avait eu tant de mal à se refourguer en euros) ?

« Windows on the world » a ce goût- là, l’odeur fade du périmé. On est presque triste pour ce grand type au drôle de menton qui affiche sa solitude mondaine de manière presque touchante. On se dit que son nouveau métier d’accoucheur de talents aurait dû lui suffire, qu’il n’a rien à gagner à insister de la sorte avec un dernier opus aussi moyen et bâclé.

Son titre aurait pu être « Dernière date de péremption » ou « Prière de ne pas consommer ce livre », Frédéric Beigbeder surfe sur une bonne idée qui n’en est déjà plus une ou qui a un an de retard. Du coup son explosion à retardement de la tour du world trade center a une fâcheuse tendance à provoquer l’ennui, une impossibilité structurale à dérider le zygomatique le plus enclin à la poilade livresque, à donner du sens ou à emporter dans un imaginaire décalé ou pertinent..

Un immense sentiment de vacuité inonde le ciel de New York, laissant les tours jumelles de tout éclair génial ou même bien vu. On cherche le concept ou on a peur de le trouver trop vite. Faire de la fiction autour de l’événement pourquoi pas, mais pas comme cela, ou alors en écrivant avec une belle plume et pas avec une encre jetable de faible qualité.

Ce qui est bien dans ce milieu très déontologique, c’est que même lorsqu’on sort le livre de trop, on est assuré avec son super réseau de copains d’une médiatisation forcenée qui empêchera un ridicule trop voyant, un flop trop immense. Attendez-vous donc à vous faire vendre ce livre in english dans le titre comme « THE » bouquin qu’il faut avoir pour affronter en toute branchouille une rentrée littéraire plurielle qui apparaît déjà comme un attentat au bon goût. Du moins avec cet extrait-là.

« Windows on the world », Frédéric Beigbeder, Grasset.(2003)
En savoir plus sur le site de Grasset/Fasquelle
Beigbeder sur le net : Le SNOB
N’achetez pas "Windows on the world" sur amaazon.fr

« Windows on the world », Frédéric Beigbeder, Grasset.(2003)
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