Éloge de la Fuite

Éloge de la Fuite

Quatre attentats se sont succédés mercredi à Bagdad et sa banlieue pour donner tort au Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, annonçant que le transfert des questions de sécurité aux autorités locales serait achevé à la fin de l’année. Du coup, ce transfert qui s’échelonne de façon graduelle et avec beaucoup de circonspection de la part des forces d’occupation, a été brutalement interrompu dans la province de Maysan, aux mains des troupes britanniques, où s’exprimait le chef du gouvernement. Il n’y a guère qu’à l’extérieur du pays qu’on peut accorder quelque foi aux déclarations rassurantes des responsables de la coalition, qui espèrent encore pouvoir se retirer sans que le pays ne sombre immédiatement dans l’anarchie. Or, le gouvernement doit aussi faire face à la sécession des partisans de Moktada el-Sadr et son impuissance à préserver un semblant d’ordre l’a coupé de la population, qui se débrouille comme elle peut. La corruption et les trafics en tout genre sont devenus la règle en Irak, et la pression des milices confessionnelles inspirent un apartheid d’un nouveau genre. Après la Somalie, la Bosnie, l’Irak fait désormais partie de ces zones de non-droit où prévaut la loi du plus fort, où même le statu quo ante ne peut être rétabli. Sur les presque 30 millions d’Irakiens, plus de 4 millions ont déjà pris le chemin de l’exil, et le Haut Commissariat aux Réfugiés a demandé aux membres des Nations Unies de leur réserver le meilleur accueil possible au cours d’une conférence qui s’est tenue mardi et mercredi à Genève.

Le monstre est mort, mais tout le monde est dans l’impasse,
Rien n’a changé, en plus la guerre est toujours là !
Mieux vaut partir, tout seul ou avec sa smala,
Le problème est trop grand pour tous, et les dépasse.

On annonce un progrès, encore, et le temps passe…
Mais quelqu’un vient vous voir et dit parfois cela :
Va-t-en, toi et les tiens, ou bien c’est l’au-delà
Qui vous attend si vous restez dans notre espace.

Puisqu’en ville, il y a un attentat par jour
Cela suffit pour fuir vers un nouveau séjour
Plutôt que d’être ici et de servir de cible.

Pas une issue à moins de songer au départ,
Voir ailleurs si des fois autre chose est possible
Pour vivre un peu tranquille et prendre aussi sa part.