Sicile : prenez de la hauteur !

Sicile : prenez de la hauteur !

Tout aussi séduisant que l’ouvrage de Stefano Ardito, Au-dessus de Rome, ce livre-là est une mine d’informations : que vous soyez férus d’architecture, de vestiges, d’art, de verdure ou de sites touristiques à découvrir, ce voyage par les airs en Sicile vous ouvrira de nouveaux horizons tant la richesse des photos, textes et légendes vous permettra d’étendre vos connaissances

Construit en quatre parties (Paysages, Villes et villages, Sites archéologiques, Îles et côtes) cet album vous enchantera par ses vues aériennes resplendissantes recouvrant les 25 708 kilomètres carrés de la Sicile. Alors qu’au XVIIIème siècle, les savants rédacteurs de l’Encyclopédie, aux prises avec le mot "Sicile", estimèrent que cette île lointaine ne présentait aucun intérêt … alors que Palerme était, en réalité, à l’apogée de sa splendeur baroque … deux voyageurs – l’Allemand Johann H. von Riedesel et l’Anglais Patrick Brydone
– entre 1767 et 1770, ne l’entendirent pas de cette oreille et nous rendirent compte de manière si enthousiaste de leur voyage que la Sicile fut inclut dans le Grand Tour, traditionnel voyage de formation des jeunes hommes cultivés de l’époque. Parmi eux, Wolfgang von Goethe qui débarqua à Palerme en 1787 et devint l’un des principaux amateurs des beautés qu’il découvrit …

Sise au centre de la Méditerranée et riche de nombreuses ressources naturelles (agriculture, élevage), la Sicile fut habitée dès la préhistoire par des populations autochtones ou venant d’autres rivages (les Sicanes
, les Sicules
et les Elymes, peuples aujourd’hui encore mystérieux malgré de nombreuses recherches archéologiques). L’Histoire marque le début des invasions au VIIIème siècle avant J.C. avec l’arrivée des phéniciens et des grecs. Puis les Romains, au IIIème siècle avant J.C. en firent leur grenier à blé. Au XIème siècle les Arabes
succédèrent aux Romains, puis les Normands
à partir de 1130 sous Roger II
instaurèrent l’une des périodes les plus heureuses de l’histoire sicilienne. L’île échut aux Français de Charles d’Anjou, puis aux Aragonais, à la couronne d’Espagne et, enfin, aux Bourbons, jusqu’à l’annexion au royaume d’Italie, en 1860.
Un patrimoine qui est donc une véritable mine d’or, chaque colon ayant laissé sa trace, pour que les voyageurs puissent y trouver, selon leurs préférences, les vestiges grecs ou romains, y goûter la curieuse mais délicieuse gastronomie, y découvrir les saveurs inédites des vins les plus renommés … où marcher sur les traces des films mythiques qui y ont été tournés ou dans les pas des écrivains, de Luigi Pirandello
à Tomasi di Lampedusa. Les écolos pourront aussi s’y évader en trekking à cheval ou à vélo, les plaisanciers vernir y mouiller le temps d’une escapade dans les innombrables criques et plages désertes qui s’égayent le long des côtés rocheuses …

Ainsi, coincée entre la mer Tyrrhénienne (au nord), la mer Ionienne (à l’est) et la Méditerranée au sud, la Sicile vous enchantera en tout premier lieu par ses paysages. Ce territoire maritime qui culmine à plus de trois mille mètres avec l’Etna, offre des dessins géographiques entre cultures et haut plateau, insérant un jeu de couleurs qui semble composer un tableau digne des plus grands peintes. Au-delà de la chaîne des Madonie (née il y a 20 millions d’années) les plantations d’agrumes, les vergers et les oliveraies s’insinuent entre les vallées, autour du grand lac de Piana degli Albanesi aux eaux vertes qui s’étend au milieu des collines, au sud de Palerme, et qui abrite une aire protégée du WWF.

Parfois, les fermes des propriétaires terriens se sont transformées en élégantes résidences, depuis devenues des hôtels pour certaines d’entre elles. Un peu plus loin, la forteresse de San Paolino domine, à 823 mètres, les provinces d’Agrigente et de Caltanissetta, où la terre prend une coloration blanchâtre … Au printemps, la couleur dominante est un camaïeu de vert, toujours ponctué par les tâches bleutées du lac de Santa Rosalia ou celui des Desueri.

Depuis quelques temps Syracuse
est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO, ce qui place la Sicile au premier rang mondial pour le nombre de sites protégés. Syracuse a ainsi été récompensée pour tout le travail accompli visant à ramener la ville à la beauté, la dignité et la grâce du passé. Les visiteurs ont désormais accès aux précieux vestiges de sa lointaine histoire grecque, mais aussi à la magnifique Ortygie, l’île en forme de caille couchée sur la mer (1 km carré), au cœur d’un golfe incomparable, avec ses palais Art Nouveau, baroques ou néoclassiques enchevêtrés entre rues et cours autour d’une des plus belles places d’Italie.
Palerme n’est pas en reste, avec la cathédrale de Monreale et l’abbaye bénédictine attenante et son magnifique cloître.
Remarquable également, la langue de terre en croissant sur laquelle est érigée Trapani.
Catane et son corso italia couvert d’arbres qui descend à la mer, son château Ursino, forteresse massive et sévère érigée en pierre de lave par Frédéric II, sa cathédrale consacrée à sainte Agathe … et le théâtre Massimo Bellini qui fut inauguré en 1890, avec le chef-d’œuvre du jeune compositeur catanais dont il porte le nom, Norma.
Messine et son port si particulier à l’extrémité duquel se trouve une grande colonne surmontée de la statue dorée de la Madonna della Lettera, sainte patronne de la ville du détroit ; Messine et sa cathédrale édifiée par les Normands … sans oublier le temple du Christ Roi édifié dans les années 1930.

Sans parler des sites archéologiques qui, de l’amphithéâtre romain de Syracuse ou théâtre antique de Taormina, en passant par le temple de la Concorde dans la vallée des Temples, prés d’Agrigente font de cette île une immense carte aux trésors.

Mais la Sicile, ce n’est pas une seule île, mais un ensemble d’îlots plus ou moins grands, de l’île de Stromboli
(connue pour son volcan) à l’île de Conigli (connue sous le nom de l’île aux lapins), de l’île de Vulcano
(Eolie) avec ses fumerolles de soufre sortant de terre à l’île de Alicudi aux sombres roches basaltiques, il y a là de quoi satisfaire tout amoureux de la mer. Un périple en bateau pour en faire le tour pourrait être le but de vos prochaines vacances ?

Maria Cristina Castellucci, Au-dessus de la Sicile – En vol sur l’île aux trois pointes, 268 photographies de Antonio Attini, traduit de l’italien par Pascale Liégeon, 290x200, cartonné + couverture avec rabats, Editions White Star, avril 2007, 224 p. – 19,90 €