La presse avait oublié : un scandale financier

La presse avait oublié : un scandale financier

Cela va pimenter la dernière quinzaine avant inventaire. Entre blabla sur l’ISF et pseudo-révélations sur les revenus des candidats, la presse a visiblement oublié (?) de relayer l’audition comme témoin assisté de Thierry Gaubert, soupçonné de détournements. Une bagatelle de 23,5 millions d’Euros.

Qui est Thierry Gaubert ? Eh bien, c’est le mari de la princesse Hélène de Yougoslavie... Ah ! J’oubliais : il était chargé de la communication à la mairie de Neuilly-sur-Seine dans les années 1980, alors qu’un certain Nicolas Sarkozy en était le maire. Il a ensuite suivi son patron comme chargé de mission au ministère du Budget, avant de devenir son chef de cabinet au ministère de la Communication. Un proche de Nicolas mais pas de Villepinprenelle. Un sarkozyste pur jus, quoi.

Dès lors, pas d’étonnement à ce que l’histoire suivante n’ait pas été ébruitée. Les médias sont si dociles avec leur champion.

En effet, Thierry Gaubert a été entendu le 3 avril 2007 comme témoin assisté à Nanterre, dans une affaire portant notamment sur le détournement présumé d’environ 23,5 millions d’Euros dans des ministères entre 1993 et 1997. Ces fonds, collectés en tant que 1% logement destiné au logement social sous les gouvernements Balladur et Juppé, auraient finalement "permis l’enrichissement de personnes privées", informations également relatées jeudi 5 avril dans Libération.

Thierry Gaubert a été entendu par le juge d’instruction Richard Pallain à plusieurs reprises en février et mars, ainsi que son associé, le promoteur immobilier Philippe Smadja, comme témoin assisté, statut intermédiaire entre celui de témoin simple, sur qui ne pèse aucune charge, et celui de mis en examen, sur qui pèsent des indices graves et concordants.

Thierry Gaubert a nié en bloc toutes les accusations portées contre lui. "Il n’y a jamais eu d’argent détourné ! On confond collecte et détournement. Si les détournements avaient eu lieu, il y aurait eu des conséquences immédiates" a affirmé l’ami de 20 ans du Président du Conseil général des Hauts-de-Seine (oui, oui, c’est bien le même qui est adjoint au maire "hors classe" de Neuilly et président de l’UMP).

De 1992 à 1994, Gaubert fut aussi président de l’association Habitation Pour Tous (HPT), dont l’objectif était de collecter des fonds pour fournir des logements aux fonctionnaires. Mais selon l’Inspection Générale des Finances (IGF), HPT "ne rentre pas dans les catégories d’organismes avec lesquels l’Etat est autorisé à signer des conventions de réservations de logements pour les fonctionnaires". HPT n’était donc pas autorisée à collecter les 23,5 millions litigieux. Et Nicolas Sarkozy avait été mis au courant.

Selon l’IGF, l’activité de l’association HPT "apparaît entachée de graves irrégularités : enrichissement de personnes privées, pratique active de distribution de cadeaux à des agents de ministères"... On y trouve aussi la délivrance de prêts immobiliers à des proches ou relations d’affaires (un avocat, un notaire, un commissaire aux comptes...). Pour l’IGF, Gaubert menait un "train de vie excessif, non dénué d’aspects somptuaires, sans rapport ni avec la taille ni avec la finalité non lucrative" de l’association qu’il présidait.

Dans les années 90, Thierry Gaubert était qualifié de "Sganarelle" de Nicolas Sarkozy : un homme à tout faire. Un surnom que portait aussi, d’ailleurs, Brice Hortefeux. A moins qu’il ne le porte encore.