Pour une Poignée d’Euros

Pour une Poignée d'Euros

Il y a deux catégories de gens, il y a ceux qui tiennent un flingue et il y a ceux qui creusent ; toi, tu creuses, faisait dire Sergio Leone à Clint Eastwood dans un de ses fameux western spaghetti. Telle est un peu la situation des dirigeants de certaines grandes entreprises dont l’actionnaire public cherche à se débarrasser. Fleurons de l’industrie française il n’y a pas si longtemps, Usinor, Péchiney, Thomson, Alcatel n’ont pas les moyens de résister à la concurrence mondiale sauf à faire l’impasse un jour prochain sur la main d’œuvre et s’orienter rapidement vers l’ingénierie. Le cas d’EADS est aujourd’hui emblématique de cette stratégie, et celui de Noël Forgeard l’arbre qui cache la forêt. Pion de Jacques Chirac au sein d’un cartel fait de bric et de broc, fusible d’un système au bord du court-circuit, l’homme a fait ce qu’on lui a demandé : préserver les intérêts français battus en brèche par l’hégémonie allemande, assurer la tranquillité des opérations financières en évitant les mouvements sociaux et en usant de pédagogie pour expliquer avec des termes ronflants et alambiqués la contradiction d’une stratégie industrielle qui n’existe plus. Depuis un bon moment, les deux actionnaires principaux, Daimler-Chrisler et Lagardère ont pour unique ambition de quitter le navire et cherchent à vendre le restant de leurs parts. En juin dernier, les remous de l’affaire Clearstream ont interrompu un processus de désengagement et la direction de l’entreprise a été remplacée. Dommage collatéral. Aujourd’hui, la mission de Noël Forgeard est terminée, quelque peu prématurément il est vrai, pas tout à fait menée à terme à cause de cet imprévu et de l’exposition de son collègue Jean-Louis Gergorin, mais il peut s’en aller avec la conscience du devoir accompli. Reste à Nicolas Sarkozy à tirer les marrons du feu en recollant les morceaux tant bien que mal et au petit personnel à creuser encore un peu.

C’est un problème avant d’entrer dans l’isoloir :
Mon chef est nul, pourtant il a un gros salaire
Et moi, en fin de mois, je suis dans la galère,
De l’injustice, enfin je peux m’en prévaloir !

Le parachute en or devient un défouloir
Pour tous ceux qu’on a mis justement en colère
Mais leurs patrons font un travail crépusculaire,
Dans ce contexte, il ne faut pas leur en vouloir…

Dans certains cas, le but est de fermer boutique
Et pour les gens qui ont mis au point la tactique,
Faut-il se retrouver plus tard le bec dans l’eau ?

S’ils ont avec grand soin veillé à la dépense
Même au fond si ça fait un gros méli-mélo,
Doit-on les empêcher d’avoir leur récompense ?