HPG : Quand le X accouche d’un Cinéma d’Auteur

HPG : Quand le X accouche d'un Cinéma d'Auteur

Qui l’eut cru ? HPG, 40 ans, acteur, réalisateur de centaines de films porno a fait partie, avec son premier long-métrage “On ne devrait pas exister” des rares films français sélectionnés au dernier Festival de Cannes dans le cadre de la “Quinzaine des réalisateurs”… Neuf mois après sa sortie en salle, le film sort en DVD. Portrait de l’histrion et entretien.

HPG est résolument un cas d’exception. Il y a moins de quinze ans, il n’était encore qu’un acteur X connu pour ses performances hors norme (faire une scène de sexe perché en haut d’un arbre par exemple ou sur un raft tournoyant dans les flots tumultueux d’un torrent de montagne…).

C’est en 1995 qu’il réalise son premier court-métrage “Acteur X pour vous servir”, un ovni surréaliste décrivant les coulisses d’un film porno. Fort du succès d’estime rencontré, il persiste et signe en participant en tant que comédien à “Romance” de Catherine Breillat, “Baise-moi” de Virginie Despentes et “Le pornographe” de Bertrand Bonello”.

En 2001 il sort un livre “HPG, autobiographie d’un hardeur” et “Hôpital psychiatrique de garnison” son deuxième court-métrage.

Mais c’est en 2002 qu’il connaît le succès et le scandale avec la diffusion sur Canal Plus de “HPG, son vit, son œuvre”, un autoportrait trash dénoncé (à tort !) par les fÈministes.

Pour confirmer son statut de cinéaste auteur, la Cinémathèque lui consacre à quelques mois d’intervalles deux soirées spéciales…

En 2005 Olivier Py, le célèbre metteur en scène fait appel à l’histrion et à sa compagne L-ZA pour une sulfureuse prestation dans Tannhäuser l’opéra de Wagner au Grand Théâtre de Genève.

Entre temps, HPG, a mis en route l’écriture, la réalisation et la production de son premier long-métrage “On ne devrait pas exister”, une fiction qui raconte le cheminement difficile et burlesque d’un hardeur vers le métier d’acteur traditionnel. Le résultat est un film drôle, sensible et attachant, trash et dérangeant non tant par les images qu’il véhicule que par le message qu’il délivre : derrière la société du spectacle, se cachent des individus singuliers qui ont du sentiment et de la poésie et qui gagnent à être connus.

HPG : L’INTERVIEW

HPG, qu’est-ce qui vous a poussé à faire autre chose que du porno ?

Pour moi il n’y a pas de différence hormis le “sexuellement explicite” je trouve entre “On ne devrait pas exister” mon premier film traditionnel et les films porno que je produis. Quand je fais du X, je fabrique des petites pastilles d’humanité avec une intensité bestiale ! Ce sont exactement les mêmes principes qui m’ont guidé dans l’écriture de mon long-métrage…

Votre premier court-métrage s’intitulait “acteur X pour vous servir”, comment est-il né, de quelle envie ?

L’envie de réunir mes amis autour d’un thème : filmer les coulisses d’un film porno et se forger son propre monde. La faculté du cinéma a recréer un monde irréel me fascine. Etre le petit dictateur de cet univers fabriqué m’intéresse !

Quelle est votre ambition en tant que réalisateur ?

Je suis vantard, exhib, et je ne suis pas grand seigneur. Il y a des gens qui font de grandes choses en toute discrétion, moi je fais de petites choses mais il faut que tout le monde le sache. Cela fait partie de mes défauts, mais c’est en tout cas drôlement utile quand on veut Ítre producteur et réalisateur.

LE CINEMA APPARTIENT AUX CRAPULES DANS MON GENRE COMME LA BOXE APPARTIENT A CEUX QUI ONT FAIM…

Comment se fait-il que HPG, pornocrate de son état, un statut peu envié au regard de beaucoup, fasse un film finalement plein d’humanité et de sensibilité ?

On apprend pas le cinéma dans les cours de théâtre en oubliant d’avoir vécu. Le cinéma appartient aux crapules dans mon genre comme la boxe appartient à ceux qui ont faim. Les idées quand elles ne sont pas sauvages n’ont aucun intérêt. D’ailleurs quand une partie de mon équipe ne m’a plus suivi parce qu’ils me trouvaient trop dingue, je les ai virés parce qu’ils m’empêchaient d’être libre et heureux.

Cet état d’esprit iconoclaste est-il payant ?

La sincérité est la chose la plus payante et la plus difficile à assumer. Car dans le monde dans lequel on vit, on te rappelle constamment combien il est souhaitable d’être dans une certaine forme de modération. Mais moi, j’ai choisi de ne pas être modéré bien que je sois quand même une bonne pute !

A la Cinémathèque, par exemple, quand ils m’ont invité, j’ai pété un plomb et je suis parti dans un one man show délirant. Tous ceux qui m’aident aujourd’hui étaient dans la salle et ceux qui me connaissaient n’attendaient pas moins de moi.

Avez-vous rencontrÈ un certain ostracisme de la part du monde du cinÈma ?

Il paraît que ça en a emmerdé quelques-uns qu’une des rare place française à la quinzaine des réalisateurs soit adjugée à mon film. Sur 670 films en compétition, plus d’une vingtaine est sélectionnée dont 3 ou 4 films hexagonaux ! Je ne me suis pas fait accepter de la famille du porno parce que je suis associable alors je fais des efforts pour me faire accepter de celle du cinéma traditionnel. Bienvenue dans ma nouvelle famille !

Si on vous qualifie d’intello du porno, vous prenez ça comme une plaisanterie ?

En fait j’adore les blockbuster pour me délasser mais pour exister, pour éviter de me droguer, d’être alcoolo ou de me foutre en l’air, il me faut faire le genre de film que je fais. Si je ne suis pas intense dans ma vie, je vais au-devant de soucis de santé !

“On ne devrait pas exister”, DVD, Optimale.

un film écrit et réalisé par HPG avec HPG, L-ZA, Benoît Fournier, Marie-T,… avec la participation de Rachida Brakni, Marilou Berry, Bertrand Bonello.

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