Rome : la plus belle ville du monde ?

Rome : la plus belle ville du monde ?

Que les nationalistes et autres chauvins se précipitent sur ce livre-là ! Il n’y a pas photo, comme l’on dit, la vérité est ici imprimée : plus de lumière, plus de verdure, plus de chaleur, plus d’architecture, plus d’urbanisme, plus d’histoire(s), plus de vestiges, plus de grandeur, plus de charme… Bref, Paris est détrônée par … Rome.

Rome n’est pas qu’une ville d’art éblouissante et le berceau de la civilisation méditerranéenne actuelle ; c’est aussi le fleuron d’une région où les lieux chargés d’histoire et les sites naturels sont légion. Construit en trois parties (Rome, Paysages, Villes et villages) ce livre d’une grande beauté montre, grâce aux prises de vues aériennes, une autre facette de cette ville plusieurs fois millénaire qui brille de tous ses feux. Mais il n’y a pas que Rome qui fait miroiter la beauté, toute la région regorge de trésors : d’une superficie de 17 203 kilomètres carrés, le Latium compte un peu plus de cinq millions d’habitants – 3 807 992 à Rome – et couvre plus de 360 kilomètres de côtes péninsulaires et insulaires. Nombreux sont, en effet, les paysages de cette région qui sont teintés de romantisme (les forums, la campagne, les cascades de Tivoli, les marais Pontins) et qui ont inspiré les artistes depuis l’époque du Grand Tour (long périple effectué en Europe par la jeune aristocratie britannique à partir du XVIIème siècle) jusqu’à nos jours.

En effet, il convient de ne pas succomber à l’extraordinaire beauté et au charme envoûtant de Rome car cela reviendrait à ignorer le Latium où forêts, cascade et massifs rocheux dessinent les merveilles de la nature. Et à passer à côté des loups, chamois et autres ours qui habitent les coins reculés de cette région magnifique. Il n’y a ainsi rien d’étonnant à apprendre que ces sites naturels sont préservés par une cinquantaine de réserves et de parcs naturels protégés.

Visiteur attentif, observateur aguerri, vous voilà prévenu avant d’ouvrir cet album surprenant. Vous allez devoir étudier calmement chaque cliché pour y dénicher les mille et une facettes d’un territoire ou l’homme a beaucoup œuvré au fil des siècles. On remarquera au fil des pages que le Latium continue à faire sa mue : la transformation de la région se poursuit. Ainsi en est-il depuis trente siècles, même si dernièrement ce n’est pas toujours pour le meilleur. Mais ne boudons pas notre plaisir et plongeons dans ces photos pour nous délecter du Tibre, fier serpent qui se faufile entre la ville. Chaque boucle a sa propre histoire, des immeubles de Nuovo Salario aux lieux du pouvoir (piazza Colonna) qui semblent épier les précieux espaces verts qui ont su résister aux assauts des bâtisseurs … à l’instar de ces habitations sur fond de tapis de verdure du jardin des Orangers, au sommet de l’Aventin qui domine le Tibre au sud des forums et du Capitole. Qui dit fleuve, dit pont : le célèbre pont Saint-Ange est sans conteste le plus élégant avec cette enfilade de dix statues monumentales d’anges qui soutiennent les symboles de la Passion du Christ. Imaginées par Bernin (1598-1680), l’un des chefs de fil du baroque romain, elles furent exécutées par les artistes de son école.

Entre le Colisée et le Forum romain se dressent l’église Sainte-Françoise-Romaine avec sa façade en travertin. Plus loin les trois colonnes du temple de Vesta. Puis se dessine la tour des Milices qui débouche sur les forums de Trajan … Le Panthéon, l’église Santo Stefano Rotondo. La piazza del Popolo. La piazza Navona (240 m x 65 m), l’une des plus belles de la Rome Renaissance avec ses fontaines … La villa Celimontana est un petit bijou sise dans un écrin de verdure sur la colline du Caelius, séparant le Colisée des thermes de Caracalla. Aujourd’hui aménagée en un grand parc, elle abrite le siège de la Société géographique italienne. Et bien d’autres trésors qu’il vous faudra découvrir patiemment …

Puis l’on est invité à sortir de la ville pour survoler les environs et l’on est très vite estomaqué face à ces falaises de tuf friable d’un blanc éclatant qui tombent à pic dans les eaux de la mer Tyrrhénienne en plusieurs points de la côte de Ponza. Ou face aux îles Pontines qui sont nées d’éruptions volcaniques datant de plusieurs millions d’années. De même, les routes ourlées de cyprès qui traversent la campagne des environs de Tarquinia nous rappellent que nous sommes proches de la célèbre Maremme toscane. Les sommets enneigés des reliefs du Parc national des Abruzzes servent de toile de fond aux collines de la vallée de Comino, l’un des lieux les plus charmants de la Ciociaria.

Un superbe album a un prix modique qui enchantera les amoureux de cette ville et les futurs voyageurs qui auront décidé d’y aller voir de plus près. Indispensable.

Stefano Ardito, Au-dessus de Rome – En vol sur la ville éternelle et le Latium, photographies de Antonio Attini et Marcello Bertinetti, traduit de l’italien par Véronique Renucci, 290x200, cartonné + couverture avec rabats, Editions White Star, avril 2007, 224 p. – 19,90 €