Interview : Bertrand Meyer-Stabley, biographe D’ELTON JOHN…

Interview : Bertrand Meyer-Stabley, biographe D'ELTON JOHN…

2007 l’année Elton John ? Une récente biographie, consacrée au célèbre chanteur et pianiste britannique, tombe à pic ! En ce mois de mars Sir Elton John fête son 60e anniversaire et ses 40 ans de carrière… Une tournée européenne - The Red Piano – est prévue pour ce printemps. La pop star se produira sur les plus prestigieuses places européennes, à Berlin (porte de Brandebourg), à Venise (place Saint-Marc) et à Séville (place d’Espagne). En attendant de le voir sur scène à Versailles (place d’Armes), le 29 mai prochain – seule date en France – le public français du Captain Fantastic pourra lire l’intéressante - et très documentée - biographie de Bertrand Meyer-Stabley.

INTERVIEW de Bertrand Meyer-Stabley

Thierry de Fages : En lisant votre biographie d’Elton John, on apprend qu’à 3 ans le jeune Reginald Kenneth Dwight jouait – convenablement - du piano et qu’enfant il passait son temps à écouter la radio…
Dans quel environnement familial et musical évolue-t-il ?

Bertrand Meyer-Stabley : La musique a très vite constitué son refuge face aux tensions familiales et au divorce de ses parents. Il sortait de sa coquille grâce au piano. Il a suivi les cours de la Royal Academy à Londres et possède des bases musicales classiques.

Thierry de Fages : A la fin des années 60, il rencontre Bernie Taupin, qui deviendra son parolier attitré. Quel est l’apport de Taupin dans l’élaboration des célèbres chansons d’Elton John ?

Bertrand Meyer-Stabley : Ils sont très complémentaires. Ce sont les mots,les paroles de Bernie qui inspirent Elton et lui permettent d’exprimer sa créativité musicale.

Thierry de Fages : Le 1er album [Empty Sky] d’Elton John sort en 1969. L’année suivante, c’est la première tournée de concerts aux USA. Comment est-il perçu par le public à ses débuts ?

Bertrand Meyer-Stabley : C’est très vite le "two much", ce qui explique qu’Elton est presque plus populaire aux USA qu’en Angleterre. Il est davantage un artiste de Broadway et de Las Vegas où l’on s’amuse de le voir perché sur des bottes à semelles compensées, moulé d’hermine ou paré de boas en plumes sur pantalon lamé.

Thierry de Fages : Les années 70 sont souvent considérées comme la période la plus créative du chanteur ; il ressort à la lecture de votre bio que c’est aussi une période difficile pour l’artiste. En 1976, il confie à l’époque de la sortie de « Blue Moves » qu’il « sombre dans la drogue ».
Pouvez-vous nous évoquer l’Elton John de cette époque ?

Bertrand Meyer-Stabley : Il a rompu avec son boy-friend et manager John Reid. Il s’est senti comme un petit garçon perdu au bord de la route. Les 5 premières années avaient été géniales mais les doutes et les bleus à l’âme ont alors commencé ! Et la solitude cocaïnée des chambres d’hôtel !

Thierry de Fages : Il semble également qu’Elton John soit un boulimique du travail. Certains lui font même le reproche d’avoir réalisé trop de disques…
A votre avis, dans quel style musical a-t-il été le plus performant ?

Bertrand Meyer-Stabley : C’est un collectionneur de tubes et de disques d’or ! Il chante des mélodies et des rocks de façon si personnelle ; personnellement j’aime bien ses ballades mélancoliques ;"Song for Guy" est le type même d’hymne mélancolique et instrumental où selon moi, il excelle.

Thierry de Fages : En lisant votre bio, l’on ressent toujours un certain décalage entre le chanteur à la fois timide et introspectif, spécialiste de la pop song sentimentale et la rock star au look bigarré, aux dépenses extravagantes et à la vie agitée. D’où provient selon vous cette tendance à l’excès, dans l’enfance d’Elton John ?

Bertrand Meyer-Stabley : C’est quelqu’un qui longtemps ne s’est pas aimé,ce qui pour un gay est catastrophique. Physiquement, il n’aime pas ce qu’il est !
Sa boulimie est assez fascinante parce qu’elle s’applique à tout. Je ne suis pas psy,mais bien sûr son enfance durant laquelle il était seul, n’avait pas d’amis et où son physique ingrat le laissait dans l’ombre peut certainement expliquer cela.

Thierry de Fages : En 1997, sa reprise de « Candle in the wind » fut un succès planétaire avec 31 millions d’exemplaires vendus. Pouvez-vous nous évoquer l’histoire de cette chanson, qui évoque des personnages célèbres ?

Bertrand Meyer-Stabley : La chanson fut d’abord écrite en hommage à Marilyn Monroe puis remaniée en 1997 à la mort de la princesse Diana.
Il chante " Il me semble que tu as vécu ta vie
Comme une flamme dans le vent"
C’est autant pour évoquer la fragilité de la star que l’intensité de sa vie.
Elton a été un moment très proche de Diana,puis il y a eu une brouille et ils ont réussi à se réconcilier aux obsèques de Gianni Versace.In extremis avant l’accident de Diana.

Thierry de Fages : A l’aube de sa tournée européenne – qui passe à Paris ce printemps – comment qualifieriez-vous le nouvel Elton John, qui fête ce mois-ci son 60e anniversaire et ses quarante ans de carrière ?

Bertrand Meyer-Stabley : Elton va de plus en plus se tourner vers la comédie musicale et la musique de film,mais pour l’instant il profite de l’année 2007 pour donner des concerts-anniversaires et montrer son talent de showman à tous ses détracteurs. Il n’est absolument pas blasé, il est très fier du chemin parcouru. Il a trouvé grâce à David Furnish un équilibre précieux.Tout va bien !

Thierry de Fages : Pour conclure, comment avez-vous trouvé The Captain and the Kid [sorti en 2006], le dernier opus d’Elton John ?

Bertrand Meyer-Stabley : J’ai trouvé son dernier album assez inégal,un peu trop patchwork. Mercury, sa maison de disques, n’a d’ailleurs pas beaucoup soutenu le disque.Mais Elton n’en a cure. Pour 2007, il chante un peu partout sur la planète. Sa gloire ne dépend pas du succès ou de l’échec d’un album. Il est au-dessus de tout ça !

Sir Elton John, Bertrand Meyer-Stabley, éditions Payot, 2007