L’aplaventrisme visé par la censure

L'aplaventrisme visé par la censure

Décidemment, la censure a les dents longues. Les blogs ne sont pas épargnés par les coups de canines, on le sait. Nos jeunes amis aplaventristes viennent de le découvrir.

En février, Le Mague diffusait en avant-première mondiale le manifeste aplaventriste né dans le cerveau farceur d’un lycéen de la région havraise. Nous levions ainsi le voile sur un mouvement sympathique et sans prétention qui utilise « l’aplaventre » comme moyen d’expression. Juste pour le fun. Actions gratuites, les aplaventres solitaires ou collectifs peuvent se dérouler en tous lieux (ville, campagne, forêt…), nuit et jour, par tous les temps, du 1er janvier au 31 décembre. Les plus insolites sont photographiés et mis en ligne sur un blog dédié à cet art de rire couché. Mais, comme disait Pierre Desproges, on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui…

Si vous êtes allés sur le blog de Théo en février, vous avez pu voir une belle série de photos rigolotes. Si vous y retournez maintenant, vous verrez que certaines vues sont remplacées par des vignettes « Photo ne respectant pas les lois en vigueur ». Keskispass ?

La brillante démonstration aplaventriste du 2 février dans les jardins de l’hôtel de ville du Havre (qui a réuni plus de 250 personnes) n’a pas échappé à la maréchaussée. Les fins limiers ont vite repéré le « meneur » avant d’alerter son bahut. Branle-bas de combat dans les couloirs de l’Educastration nationale. Convocation du hors-la-loi pour lui interdire d’exercer son art dans l’enceinte du lycée. Pour plus de sécurité, son appareil photo sera même confisqué. Quel pataquès les amis !

Malgré le soutien de quelques profs et de surveillants, Théo a décidé d’enlever les photos litigieuses. « Je me suis bien fait remonter les bretelles. On m’a dit que je nuisais à l’image du lycée, explique Théo. Je ne vois pas comment. On m’a dit aussi que je ne suis pas un artiste, mais un copieur, parce que ce type d’interventions existe déjà aux Etats-Unis ! Pour calmer le jeu, j’ai décidé de retirer les photos pour les remplacer par une image que j’ai créée. Je n’ai pas voulu enlever les articles pour bien montrer le passage de la censure. »

L’aplaventrisme ne s’aventurera plus dans les lycées. Qu’importe, le monde est vaste et les idées ne manquent pas. En plus, c’est contagieux. Théo commence à faire des émules à Rouen, à Clermont-Ferrand, à Paris, à Bruxelles, à Amsterdam… « Je reçois des photos d’un peu partout, assure Théo. Parfois, c’est n’importe quoi. Un aplaventre dans une salle de bains ou sur un lit, ce n’est pas très intéressant. Je préfère quand c’est un peu plus chaud. Ce n’est pas évident. On s’est déjà fait virer de magasins quand les vigiles n’apprécient pas ce qu’on fait. Parfois, il faut ruser.

Comme astuce, j’utilise des pièces de monnaie que je laisse tomber. Je fais semblant d’aller les rechercher en m’allongeant. Un copain prend la photo et c’est gagné. Les photos qu’on reçoit ne sont pas toutes de bonnes qualités non plus. La plupart, prises trop près, sont trop focalisées sur la personne. Elles ne prennent pas assez en compte l’environnement. Moi, je sais ce que je veux quand je fais un aplaventre. Comme on ne peut pas se coucher et prendre la photo en même temps, j’explique le cadrage que je recherche à un copain en faisant une photo sans moi. Après, je m’installe. Je ne garde que les meilleurs plans. »
Au-delà des administrations pointilleuses, Théo doit faire face aussi à toutes sortes de grincheux. Ceux qui le traitent de « clodo » parce qu’il se vautre par terre, ceux qui voudraient que l’aplaventrisme se mette au service de causes. « Nous, on fait vraiment ça pour rien, juste pour s’amuser, pour le fun, insiste Théo. Ça ne sert à rien et c’est ça qui me plaît. »

L’aplaventre a changé la vie de Théo. Dans la rue, il n’est pas rare qu’on l’interpelle : « eh, c’est toi Aplaventre ? ». Un petit succès parfois envahissant. « Maintenant, quand je m’allonge, tout le monde pense qu’il faut faire pareil, se marre Aplaventre. Ça va devenir difficile de faire des photos tout seul si ça continue… »

Quel avenir pour l’aplaventre ? On ne lit pas dans le marc de café. On lui souhaiterait juste un destin identique à celui des performances du photographe américain Spencer Tunick. Cet artiste a réuni des milliers de personnes à Londres, à Melbourne, à Montréal, à Sao Paulo, à Vienne, à Barcelone, à Lyon pour les faire poser… intégralement nues !
En attendant, rejoint par un staff de potes, Théo prépare le prochain aplaventrage général. Il aura lieu en principe le samedi 14 avril, à 16 heures, dans l’espace Oscar-Niemeyer, près du Volcan, au Havre (vérifiez sur le blog avant d’y aller). Des flyers vont inonder les lycées, sans parler des mails, des textos et autres t’chat. Théo et Matt organisent ça très sérieusement en réfléchissant déjà à l’angle des photos à prendre. Nous y serons.

Si vous avez raté le début

Pour envoyer vos contributions aplaventristes : moatis@hotmail.fr

Pour en voir plus : http://aplaventre.skyblog.com/

et http://www.youtube.com/watch?v=KTXbvbhA5_A